dimanche 7 mai 2017 par 2IDé

Thème : La faim La face cachée de l'émergence ?


Messieurs les Responsables des organisations des droits de l'homme,
Mesdames et Messieurs les Responsables des organisations de la société civile et des syndicats,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Messieurs les chefs des quartiers déguerpis, à déguerpir et des quartiers précaires,
Mesdames et Messieurs les responsables des souscripteurs de l'agrobusiness,
Chers frères et s?urs de la famille Bondy,
Très chers agriculteurs,
Très chères populations déguerpies ou sous la menace d'un déguerpissement,
Ami(es) souscripteurs de l'agrobusiness,
L'Initiative Ivoirienne pour la Démocratie et le Développement, en abrégé 2IDé par ma voix vous exprime ses remerciements pour la confiance que vous avez toujours gardée en elle. Cette confiance reste réciproque d'autant plus que notre volonté à tous demeure la prise en compte, par nos gouvernants, des profondes aspirations des populations de ce pays.
Mesdames et messieurs, le thème choisi par notre organisation pour cette conférence publique est d'actualité. Lorsque nous regardons nos médias publics et certains médias occidentaux, nous nous surprenons à découvrir deux Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire où tout semble parfait et où l'émergence pour 2020 est à portée de main, et la Côte d'Ivoire que nous peuples vivons amèrement, dans la désolation totale et dans l'oubli grotesque d'une communication savamment orientée.

I- L'émergence à l'ivoirienne
La Côte d'Ivoire selon son premier responsable aspire à l'émergence à l'horizon 2020. Cette volonté, accueillie avec beaucoup d'enthousiasme par une partie de nos populations, se révèle être une véritable source d'inquiétude et pis une cause de désolation. En effet, pour mettre en place les fondements de cette émergence, la part de sacrifice demandée au peuple, déjà meurtri par la grave crise poste électorale, se transforme peu à peu en un goulot d'étranglement pour lui.
Quel peuple pourrait s'opposer à ce que son pays soit émergent ?
À l'évidence, aucun. Tous ici présents et sans exception, nous recherchons l'émergence, le développement. Pour autant, l'édification de l'émergence, telle que pensée et mise en ?uvre en Côte d'Ivoire, suscite de nombreuses inquiétudes.
S'il est vrai qu'un pays émergent c'est une croissance forte et soutenue, il n'en demeure pas moins qu'il doit exister une amélioration significative du cadre économique et social et surtout du niveau de vie des citoyens.
Cependant, la forte croissance que notre économie connaît depuis plus de cinq ans reste problématique en ce sens qu'au lieu d'améliorer les conditions de vie de nos populations, elle est plutôt source de paupérisation.
Que signifie donc cette croissance forte, créatrice de richesse qui, appauvrit les populations ? Crée-t-elle véritablement de la richesse ? Ne spolie-t-elle pas plutôt le contribuable ?
Au-delà de la communication que font nos pouvoirs publics sur l'amélioration des conditions de vie des ivoiriens, ces derniers vivent tout à fait une autre réalité. Ce que nous peuple ressentons, ce sont les augmentations incontrôlées de nos factures d'électricité et d'eau, des produits de première nécessité sur nos marchés, les impôts injustifiés sur nos salaires, nos revenus et sur nos entreprises. Face à toutes ces augmentations que tentent de justifier malencontreusement nos gouvernants, aucune réponse satisfaisante n'est donnée en terme de reforme sociale et économique pour le bien-être de l'ivoirien. Cette réalité est parfaitement décrite dans le classement du PNUD (2015) sur l'indice de développement humain (IDH) qui, classe notre pays au 172ème rang mondial sur 188 pays et au 37ème rang africain sur 54 pays.
Le système, tel qu'il fonctionne, laisse à penser qu'il y a deux visions différentes dans la gouvernance étatique. Celle au profit des gouvernants, de leurs familles et de leurs réseaux économiques :
? le partage des postes de responsabilité au sein du gouvernement et des institutions nationales, dans l'administration
? l'octroi de marché de gré à gré aux hommes d'affaires proches du pouvoir notamment les infrastructures pour les jeux de la francophonie à SNEDAI...
? la gestion familiale du Cacao, la libéralisation de l'audiovisuel qui échoit aux mains des tenants du pouvoir politique
Et la gouvernance qui consiste à opposer les peuples et à les maintenir dans la précarité, la faim déshumanisante et avilissante. En effet, pour joindre les faits aux spéculations, nous vous avons permis de découvrir quelques populations qui subissent le contre coup d'une gouvernance antisociale, notamment
? la famille Bondy,
? les agriculteurs,
? les populations déguerpies et
? les souscripteurs de l'agrobusiness.

La famille Bondy
2IDé voudrait signifier que la protection des populations est un devoir pour le Président de la République et son gouvernement. Nous dénonçons avec force le pouvoir financier qui viole la loi et tente d'imposer à cette famille de quitter ses terres au profit d'un tiers et cela avec la complicité manifeste de certaines autorités. La famille Bondy souffre, comme bon nombre de familles d'ailleurs, des abus de ces personnes imbues de leur suffisance financière et sures d'être intouchables. Un individu peut-il dans un pays jouir de ses droits et refuser d'assumer ses devoirs ? Tout les États qui, se respectent à travers le monde, ?uvrent à ce que les étrangers et les nationaux, riches ou pauvres, aient tous autant qu'ils sont des droits et des devoirs. Ali Fawaz ne peut et ne doit être au dessus de la loi.
Trop c'est trop, la famille Bondy et toutes les familles dans cette situation ont faim du respect de leurs propriétés foncières.
Les agriculteurs
2IDé a été au côté des agriculteurs à travers leur syndicat, le SYA?CI. Les souffrances vécues en zone rurale sont aussi difficiles que celles vécues en zone urbaine. La cherté de la vie et la pauvreté y sont manifestes. Le cri de c?ur de nos agriculteurs est fort et leur souffrance s'étale à plusieurs niveaux, entre autres, financement, encadrement, spéculation sur les prix. Vous me permettrez de revenir sur la crise qui à secoué le CACAO lors de la grande campagne dernière. La conséquence pour les paysans a été la chute brutale et forte du prix bord champ. Pourtant dans les missions du conseil café cacao, il est mentionné qu'il est chargé de mettre en ?uvre les mécanismes de stabilisation des prix au bénéfice des producteurs de Café et de Cacao et de mettre en place un système de compensation entre le prix d'achat garanti aux producteurs et le prix de vente à l'exportation du Café et du Cacao. Ainsi, un fond de réserve cacao a été mise en place et a pour objectif de prémunir la filière des fluctuations négatives des cours mondiaux du cacao. Il sert aussi à pallier aux risques de défaillance inattendue d'un gros opérateur dans la filière. En 2016 il était de 120 milliard. En cas donc de chute des cours du Cacao, ce fond de réserve, issu des sacrifices énormes du monde paysans, devrait être activé.
Bien malheureusement, les attentes placées dans le Conseil Café Cacao ont été brisées. Le mécanisme n'a pas été activé pour cause de défaut financier. En somme, les caisses de ce Conseil sont subitement devenues vides au grand dam des producteurs. Mauvaise gouvernance ou détournement de fonds ? Où sont passés les 120 milliards de francs CFA qui devaient servir à régler cette crise ? Le gouvernement a-t-il ouvert une enquête pour situer les responsabilités ? Non, non et non.
Trop c'est trop, nos agriculteurs ont faim d'une meilleure rémunération de leurs produits.
Les déguerpis
Voici un dossier sur lequel nous avons travaillé, beaucoup travaillé... C'est le symbole des actions déshumanisantes de notre gouvernement. Sous le prétexte des plans ORSEC et d'Abidjan, ville propre, des populations vivant depuis des décennies, parfois avant même les indépendances, sur des terres, ont été chassées sans tenir compte de leur statut d'être humain. Nous l'avons dénoncé à maintes reprises en faisant des recommandations. Hélas, le gouvernement trouve une fierté particulière à déguerpir des populations sans mettre en ?uvre, au préalable, des mesures d'accompagnement. De plus, ce sont des loubards accompagnés de policiers et de gendarmes qui sont utilisés par les autorités de la république pour déguerpir en :
? détruisant des vies et des cellules familiales,
? détruisant des emplois,
? arrêtant le cursus scolaire de certains enfants,
? occasionnant des blessés et des morts
Pourtant la constitution fait obligation au gouvernement à ?uvrer pour donner un toit et une éducation aux populations de ce pays. Cette désolation créée partout sur le territoire d'Abidjan est inacceptable. Le plus grave, c'est lorsque, pour des intérêts économiques notamment ceux de Monsieur OMAÏS Foid, des autorités municipales acceptent, en pleine année scolaire, de faire casser le quartier Crata ? Andokoi fort de plus de 8000 âmes. C'est encore plus désolant quand un village, une richesse culturelle, tel qu'Anani doit être cassé pour satisfaire les desiderata des gouvernants. Que dire du quartier Gbamanan djiddan 2 à Yopougon où le déguerpissement a fait deux morts ? Nous sommes révoltés et chaque jour le lot de révoltés augmente et c'est une vérité de savoir que lorsque le vase est plein, il fini par déborder.
Trop c'est trop, ces populations déguerpies ont faim d'un dédommagement conséquent pour pallier leur souffrance.
Les souscripteurs de l'agrobusiness
C'est une première de voir que le Président de la République fasse d'une affaire privée qui, peut et doit se résoudre par le tribunal du commerce, une affaire politique personnelle. C'est à se demander ce qui fâche au juste notre premier responsable. Son discours du 1er mai présente quelqu'un qui n'a pas pris suffisamment de recul vis-à-vis d'un dossier qu'il ne maitrise manifestement pas.
Récemment le gouvernement a démontré que l'agrobusiness existe dans le monde et que seuls nos acteurs locaux ont fait du faux. Conclusion l'agrobusiness existe bel et bien et est viable. Le crowfunding est aussi devenu un outil majeur de développement au sein des pays développés et des pays émergents. De ces deux faits, d'où vient-il qu'un gouvernement, mieux le Président de la République, se prennent tant la tête pour une activité qui peut tout simplement être assainie s'il est vraiment prouvé qu'il y a des déviations vis-à-vis de la législation ? C'est pourquoi nous dénonçons avec force cette attitude qui a consisté à bloquer les comptes des entreprises, à mettre fin à leurs activités et de fait à stopper le Retour Sur Investissement, sans décision de justice appropriée. Cela à semer la désolation dans de nombreux secteurs sociaux professionnels. Ce sont :
? des familles qui ont perdu tout le fruit de leur travail,
? des entreprises qui ont perdu une grande partie de leur capital et qui ont dû fermer,
? des communautés religieuses désemparées,
? des collectivités décentralisées qui ont perdu des capacités de financement,
? des dizaines de milliers de corps habillés endettés et qui aujourd'hui sont en train de tout perdre,
? une dizaine de décès suite à cette intrusion cavalière des pouvoirs publics...
Il faut bien que le Président de la République et son gouvernement sachent qu'ils se sont saisis d'une affaire très complexe aux implications incertaines à court, moyen et long terme. Le vol du bien d'autrui est proscrit dans notre pays quand bien même il soit l'?uvre du gouvernement. Sous prétexte de sauver ces populations, le gouvernement vient de les condamner à la faim car le remboursement proposé est la une grosse arnaque.
Trop c'est trop, les souscripteurs de l'agrobusiness ont faim de leur RSI et il convient que nos autorités ouvrent les oreilles au risque d'être surprises par le mouvement de l'histoire.

II- Recommandation
Mesdames et messieurs,
2IDé formules les recommandations suivantes.
1- Au Président de le République et à son gouvernement nous demandons :

a- Situation famille Bondy
? De protéger la propriété foncière de cette famille et partant de tous les propriétaires terriens,
? D'intervenir dans l'urgence pour mettre fin à la souffrance des enfants Bondy en faisant respecter le droit de propriété de cette famille.

b- Agriculture
? L'immatriculation gracieuse des terres rurales. Cela est une exigence d'harmonie et de paix sociale,
? D'ouvrir une enquête dans la filière CACAO et dans toutes les autres filières agricoles afin de mettre fin à l'impunité des crimes économiques,
? D'apporter un dédommagement conséquent aux agriculteurs qui ont perdu du revenu lors de la crise dernière du CACAO.

c- Déguerpissement
? D'?uvrer dans le cadre de tout déguerpissement à venir, à des échanges constructifs avec les populations concernées, avec la présence d'organisations reconnues et indépendantes. Cela, dans le but de mettre en ?uvre les mesures d'accompagnement préalable à toute démolition,
? De Reprendre les statistiques sur les populations déguerpies, sans omettre les emplois perdus, les arrêts de cours et par la suite de procéder à un véritable dédommagement,
? D'attribuer effectivement les 850 ha exclusivement aux populations déguerpies conformément à la décision du conseil des ministres du 25 Juin 2014 et vu le nombre de maisons (environ 1560) à y construire selon le gouvernement, il convient de trouver un espace additionnel pour pouvoir recaser toutes ces populations,
? De faire du projet Lotissements à Equipements Modérés, un projet participatif en vue de lui permettre d'atteindre tous ses objectifs en faveur des populations déguerpies.
? D'adopter une mesure conservatoire afin de permettre aux milliers d'élèves exclus de ce fait du système éducatif, de reprendre sans préjudice et sans délai les cours afin de rattraper le retard accusé,
? D'?uvrer au dédommagement effectif de tous les locataires déguerpis sans exclusive avec la somme de 150 000 frs CFA initialement prévue,
? D'?uvrer au respect du SMIG dans tous les secteurs d'activités notamment les petits métiers, afin d'augmenter le pouvoir d'achat des populations démunies et économiquement faibles,
? D'?uvrer avec diligence à faire adopter une loi sur la réduction du cautionnement et du coût du loyer en tenant compte du niveau de vie des populations.

d- Les souscripteurs de l'agrobusiness
? Libérer tous les dirigeants des entreprises d'agrobusiness incarcérés dans le cadre de cette affaire. Ce ne sont pas des bandits mais des jeunes ivoiriens dynamiques et travailleurs ayant créé des richesses,
? Mettre fin à cette opération de remboursement du gouvernement qui viole tout les principes du droit des affaires et des finances,
? Dégeler les comptes bancaires des entreprises. Cette mesure est impérative pour éviter de détruire les investissements existant et permettre la reprise des activités dans l'urgence afin que les RSI des investisseurs indépendants soient payés,
? Créer un cadre de concertation inclusif et participatif en vue de l'établissement d'un cadre juridique pour cette activité de financement participatif, toute chose qui permettra à l'État de créer des richesses pour l'économie nationale,
? Dédommager les entreprises et les investisseurs indépendants pour le préjudice et le manque à gagner subis. Les entreprises ont beaucoup perdu en termes d'investissement, de confiance de leurs partenaires et de retard de leurs activités, il leur faut un dédommagement conséquent.

2- Au peuple de Côte d'Ivoire
2IDé voudrait signifier que tout ce qui lui arrive est en grande partie sa faute. Il s'est fait trompé en donnant un mandat à une personne qui travaille pour d'autres intérêts autres que ceux de son peuple. C'est pourquoi, le peuple de Côte d'Ivoire doit :
? savoir qu'il y a plus de soixante ethnies dans le pays qui doivent partager une communauté de destin. Nous subissons les mêmes travers et les mêmes souffrances. Il faut dépasser les divisions que les politiques tentent de créer pour infantiliser le peuple et le maintenir dans la mendicité, la corruption et la faim,
? élever son niveau de conscience politique et comprendre le fond des choses. C'est une condition obligatoire pour sortir de la mauvaise gouvernance et créer un cadre institutionnel propice au bien être de tous,
? aller à la lutte sans crainte ni peur car il n'y a que ce langage que comprennent les pouvoirs publics. Quand nos politiques gouvernent, ils sont sur une tour d'ivoire et n'ont aucune conscience de ce qu'ils dénonçaient quand ils étaient dans l'opposition.
? apprendre à être avant-gardiste des luttes comme le peuple du Sénégal, du Burkina Faso et du Benin,
? Enfin, apprendre à dépasser les clivages sociaux futiles et inutiles notamment, les souscripteurs d'un côté, les agriculteurs de l'autre et les déguerpies d'un autre. Non, non et non, cela ne marchera pas. Seule l'union fait la force et ce que revendique l'un peut avoir une incidence heureuse sur l'autre. 2IDé appelle les peuples à unir leur force pour poser leurs revendications ensemble. Car seul le peuple souverain en mouvement peut être acteur de son mieux être.

Cher parents, frères et s?urs, mesdames et messieurs les journalistes merci pour votre présence massive. Le peuple de Côte d'Ivoire a faim et est debout contre l'émergence qui ne tient pas compte des conditions susmentionnées.

Pour 2IDé
Le Président
Innocent Gnelbin

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