mercredi 10 mai 2017 par Fraternité Matin

C'est un secret de polichinelle ! Le FPI est déchiré par deux tendances farouchement opposées. Avec d'un côté Affi N'Guessan et de l'autre Abou Drahamane Sangaré, même si Affi N'Guessan reste le président statutaire ! Quel est votre sentiment ?
Je suis éc?uré par le spectacle donné par les compagnons de route du président Gbagbo. Depuis juillet 2014, deux blocs se sont formés au FPI. Les protagonistes s'affrontent avec une rare violence sur la place publique et les réseaux sociaux. Donnant le sentiment d'être irréconciliables. C'est politiquement et moralement insoutenable. Pourtant, il n'y a pas d'alternative à l'unité si les concernés veulent encore sauver leur parti. Dans les périodes de grandes tensions, il faut toujours essayer d'avoir le maximum de hauteur possible, de recul, et ne surtout pas céder aux pressions des plus radicaux. J'invite les deux tendances à faire un pas l'une vers l'autre afin de trouver le bon chemin. Car, cette guéguerre rend inaudible le FPI face à l'action du gouvernement actuel.

Quelles relations entretenez-vous avec Affi N'Guessan et Abou Drahamane Sangaré, les têtes de fil de ces deux tendances ?
J'ai toujours affirmé ma neutralité dans ce conflit. Je ne vais pas déroger à cette ligne. Pascal Affi N'Guessan, ancien Premier ministre et Abou Drahamane Sangaré, ancien ministre des Affaires étrangères, ont été deux grands serviteurs de l'Etat durant la présidence de Laurent Gbagbo. Ces deux personnalités ont fortement contribué à repositionner à l'international la Côte d'Ivoire à la fin de la transition militaire. J'ai eu à mener des missions avec le gouvernement de l'époque. Un peu plus tard, avec Affi N'Guessan, nous avons travaillé, dès janvier 2010, à l'élaboration du programme présidentiel du candidat Gbagbo. En 2011, au plus fort de la crise, j'ai parfois été en contact téléphonique avec Sangaré, alors aux côtés du couple Gbagbo, afin de mieux cerner l'orientation politique du moment. Cela a duré jusqu'aux dernières heures du régime. Je fais ces petits rappels pour souligner que je n'ai aucun contentieux personnel avec ces deux ténors politiques. Je souhaite seulement que la raison et le souci de l'intérêt général l'emportent sur ces querelles d'appareil.

Vous avez été un proche collaborateur de l'ancien président Gbagbo, lorsqu'il était au pouvoir. Vous avez été son conseiller en communication et son porte-parole. Depuis la fin de la crise post-électorale jusqu'aujourd'hui, quel a été l'état de vos relations ?
Quand on a collaboré avec un homme d'Etat comme le président Gbagbo, il est difficile de poursuivre son chemin en demeurant le même. Je lui dois d'être entré en politique en 2001 en rejoignant son cabinet. Son parcours et sa vision m'ont inspiré. Je crois bien avoir saisi le sens de son combat. J'ai pensé à lui lorsque j'ai entamé ma rencontre avec le président de l'Assemblée nationale. En dialoguant avec Guillaume Soro, je fais écho à la ligne de Laurent Gbagbo, un homme clairvoyant, tolérant et pas sectaire. Sa situation actuelle me peine profondément. Lors de mes quatre visites à la Cour pénale internationale (CPI), il a toujours manifesté à mon égard une attitude chaleureuse et affectueuse. Je le lui rends bien également. Je ne l'ai pas revu depuis mai 2016, date à laquelle remonte mon dernier passage à La Haye (Pays-Bas). ... suite de l'article sur Fraternité Matin