vendredi 8 decembre 2017 par CEDEA

Comparaison n'est pas raison mais, la science a aussi recours aux analogies car elles permettent d'éclairer l'intelligibilité des phénomènes naturels et historiques. La problématique des coalitions allemandes CDU/CSU-SPD peut, de ce point vue, éclairer celle de la coalition Ivoirienne RHDP. Elle éclaire aussi l'échec de la tentative de coalition des partis ivoiriens d'opposition, dénommée CNC, lors de la Présidentielle ivoirienne de 2015. Comme la CDU/CSU allemande, et en dépit des différences liées à l'histoire spécifique des deux pays, le RHDP ivoirien est une coalition cohérente de partis libéraux du centre-droit qui se reconnaissent dans les valeurs fondamentales de la République et de la démocratie. Au contraire, la CNC, coalition tentée par le Front du refus en Côte d'Ivoire en 2015, fut une alliance incohérente de partis sans idéologie, sans identité politique précise et sans programme commun coordonné.

Le RHDP, alliance de partis du centre-droit, est la formule ivoirienne d'une coalition politique cohérente et rationnelle, au programme social et économique coordonné. Cette cohérence rationnelle se traduit sur le terrain par le succès d'un programme de gouvernement qui respecte les fondamentaux du libéralisme politique et économique. On peut, a contrario, imaginer qu'en 2015 une coalition de gouvernement CNC, idéologiquement et programmatiquement confuse, sans ligne directrice et désunie sur les fondamentaux de la République, aurait été incapable de gouverner la Côte d'Ivoire.

En démocratie républicaine, les coalitions et les alliances politiques ne se font pas au petit bonheur la chance entre des acteurs politiques de tous bords pour régler des comptes ou pour assouvir des ambitions personnelles de pouvoir. Elles se construisent sur la base du consensus des parties prenantes, sur les valeurs fondamentales du régime et sur des différences idéologiques explicites, clairement assumées et accordées à travers des compromis. Ce n'est pas Angela Merkel qui cherche à s'allier avec Christian Lindner ou avec Martin Schulz, dans une relation personnalisée en vue de prendre, de partager ou de conserver le pouvoir pour en jouir. C'est un parti politique idéologiquement identifié, la CDU/CSU qui cherche à s'allier avec d'autres, le FPD ou le SPD, en vue de gouverner pour appliquer un programme commun. C'est un programme politique et économique qui s'allie avec d'autres programmes apparentés sur la base de compromis négociés. C'est une coalition de programmes exprimant les attentes et les demandes d'électorats distincts, aux intérêts divergents mais complémentaires.

La viabilité des coalitions est déterminée, comme celle de tous les autres phénomènes, par les catégories primordiales, d'identité et de différence, d'unité et de multiplicité, de continuité et de discontinuité. On peut ainsi concevoir, selon le principe d'identité et d'unité des espèces dans un genre commun, une coalition de partis du centre droit comme la coalition CDU-CSU en donne l'exemple, une coalition de partis du centre-gauche, telle la coalition du SPD et des Ecologistes, une Grande coalition de partis du centre-droit et du centre gauche, telle celle de la CDU-CSU-SPD et des Ecologistes. Ces courants idéologiques se mélangent contextuellement et circonstanciellement en diverses nuances d'une palette de possibilités cohérentes et rationnelles. On imagine difficilement, par contre, une coalition des partis de centre-droit et de centre gauche avec des partis d'extrême droite ou d'extrême gauche qui remettent en question les fondamentaux de la République et des valeurs du Centre. Exceptions qui confirment la règle, ces coalitions ne sont fonctionnelles qu'à court terme lorsqu'elles s'imposent par le choix des urnes. Elles échouent à long terme en raison du caractère antinomique des programmes et projets de société des parties prenantes de telles coalitions. ... suite de l'article sur Autre presse

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