jeudi 21 decembre 2017 par Notre Voie

L'information est tombée comme un couperet, hier, en fin d'après-midi. L'Assemblée nationale a mis à l'ordre du jour de sa séance plénière de ce matin, les deux projets de lois portant respectivement statut juridique de la presse et de l'audiovisuel. Ces deux projets constituent les points 5 et 6 de l'ordre du jour de la plénière d'aujourd'hui, tel que communiqué à la presse par les services du Parlement. Interrogé sur le contenu de la nouvelle mouture des deux textes qui avaient été retirés du circuit en mai dernier suite à une levée de bouclier des organisations professionnelles des médias et de la société civile, plusieurs députés ont affirmé qu'ils n'en savaient rien. Nous-mêmes avons été surpris de cette programmation. Nous savons que le gouvernement avait retiré ces textes après leur adoption en commission avec la promesse de discuter avec tous ceux qui s'en plaignaient. Nous avons même reçu à l'hémicycle plusieurs responsables des organisations professionnelles des médias qui ont souhaité un large débat sur ces textes. Nous ne savons pas si ces débats ont eu lieu. Nous ne savons pas si les textes ont évolué, puisque nous-mêmes n'avons pas reçu les nouvelles moutures, a confié sous le couvert de l'anonymat un député, membre de la Commission des affaires sociales et culturelles.
Du côté des organisations professionnelles des médias, c'était également la surprise. Interrogé, le président de l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI) a marqué son étonnement devant cette situation. Je ne suis pas au courant et personne ne m'a dit que ces lois seraient programmées ce jeudi, a réagi hier par téléphone Moussa Traoré. Quant au secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la presse de Côte d'Ivoire (SYNAPPCI), Guillaume Gbato, il a dit ne pas comprendre la volonté du gouvernement d'opérer un passage en force sur un sujet aussi crucial pour l'avenir du pays. Nous avons demandé un large débat sur ces textes impliquant le gouvernement, le Parlement, les organisations professionnelles des médias et la société civile. Nous avons rencontré le ministre à qui nous avons exprimé nos inquiétudes, mais aussi nos attentes. Nous avons rencontré les députés membres de la Commission des affaires sociales et culturelles à qui nous avons expliqué l'urgence d'un débat de fond sur ces textes pour que nous ayons des lois consensuelles qui garantissent un développement harmonieux du secteur de la presse au profit de la démocratie et du développement de la Côte d'Ivoire. Ce débat n'a pas eu lieu et nous apprenons que les lois sont programmées, ce jeudi, en plénière pour être adoptées. Par principe, nous condamnons la démarche du gouvernement qui donne le sentiment de vouloir faire un passage en force. Nous espérons que nos préoccupations qui sont connues ont été prises en compte dans les nouvelles moutures des deux textes. C'est pourquoi nous en appelons à la grandeur d'esprit des députés pour qu'ils exigent du gouvernement le débat que nous demandons. Ou bien qu'ils fassent les amendements nécessaires pour éviter à notre pays des lois liberticides et attentatoires à la liberté de la presse. A défaut, nous combattrons ces lois jusqu'à ce qu'elles prennent en compte les intérêts vitaux des professionnels des médias ivoiriens et de la Côte d'Ivoire, a-t-il déclaré.
Tous les regards sont donc naturellement tournés vers l'hémicycle où l'avenir de la presse ivoirienne et de la démocratie se joue en partie, aujourd'hui.

Robert Krassault