mercredi 23 aout 2017 par Notre Voie

Un tableau sombre de la qualité de l'éducation en Côte d'Ivoire a été dressé par le professeur Ouattara Mamadou, 3ème vice-président du Réseau ivoirien pour la promotion de l'éducation pour tous (Rip-Ept), par ailleurs, enseignant-chercheur à l'Université Nagui Abrogoua d'Abobo-Adjamé. C'était le lundi 21 août dernier, au cours d'une communication qu'il a faite à l'ouverture d'un atelier organisé par la structure dont il est l'un des dirigeants. Il n'a pas mis de gangs pour critiquer la qualité de la gestion de l'appareil éducatif ivoirien. Le système éducatif ivoirien ne réfléchit pas par lui-même. C'est de l'extérieur que des méthodes sont imposées à ceux qui le dirigent. Ces méthodes sont peut-être efficaces ailleurs mais notre environnement est tel qu'il faut pouvoir les adapter. Ce qui n'est pas le cas actuellement car nos enfants sont jetés en pâture, a-t-il dénoncé.

Il a ensuite établi une comparaison entre ses années école et celles de la nouvelle génération pour mieux justifier la mauvaise qualité de l'éducation en Côte d'Ivoire. Ce qui nous lie à l'école, ce sont nos enfants. Rien qu'à les entendre parler dans les rues, à la maison et à consulter leurs cahiers de leçons puis leurs résultats, nous nous rendons compte qu'il y a un fossé entre eux et nous du point de vue de la formation.

Récemment, au primaire, il a été demandé aux instituteurs de revenir à la méthode syllabique. C'est-à-dire le système Mamadou et Binéta que j'ai pratiqué en tant qu'apprenant. J'avoue que c'était une bonne méthode, a-t-il affirmé. Avant d'avouer la pression qu'a subie le système éducatif ivoirien parce que des méthodes lui ont été imposées. Cela, à l'en croire, a crée un cafouillage au niveau des acteurs de l'enseignement que sont les élèves, les étudiants et les enseignants. La bonne foi des gouvernants à améliorer la qualité de l'enseignement laisse un peu sceptique, estime l'enseignant-chercheur. Nos dirigeants ont l'habitude de nous comparer à la Corée du Sud qui était au même niveau que la Côte d'Ivoire en 1960. Mais aujourd'hui, ce pays et le nôtre sans oublier beaucoup de pays africains sont séparés par un large fossé. C'est à juste titre que je m'interroge sur la bonne foi de nos autorités tout en ne répondant ni par la négation, ni par l'affirmative. Cependant, il n'est pas rare de les entendre dire qu'ils n'ont pas les moyens.

Le 3ème vice-président du Rip-Ept s'est également attaqué à l'argot ivoirien appelé Nouchi. J'ai effectué des voyages à l'étranger. Au Sénégal où je me suis rendu, le Sénégalais est admiré dans son expression. Quand vous arrivez dans ce pays, vous êtes à l'aise et peut-être complexé parce que vous n'arrivez pas à parler comme eux. Je ne pense pas qu'il ait l'équivalent du Nouchi là bas. Les Sénégalais parlent certes le Wolof mais ils ne l'intègrent pas au Français. Leur attitude est contraire à la nôtre alors qu'elle dévalorise notre langage et notre écriture, a-t-il fait remarquer. Et de souhaiter que les autorités ivoiriennes aient une vision qui fasse la promotion de la qualité de l'éducation au risque de voir la Côte d'Ivoire occuper une place déshonorante dans la sphère de la formation en Afrique dans les dix années à venir.

Doumbia Namory
Correspondant permanant dans la région du Goh