mardi 2 janvier 2018 par RFI

Bonoua, à 50 km à l'est d'Abidjan, est une grosse bourgade de la région Sud-Comoé. La librairie de la ville, créée dans les années 1990, propose tous types de publications, mais aussi de la papeterie, des vêtements et des articles de bazar

De notre envoyée spéciale à Bonoua,

Jour de marché à Bonoua, un samedi matin de décembre. En haut de la colline, les rues aux abords de la Poste sont totalement envahies. Aucun véhicule ne passe. La foule se presse entre les étals chargés d'habits ou de denrées alimentaires variées et les derniers jouets en plastique importés de Chine, empilés en tas immenses. Comme partout où l'on prépare Noël, les yeux des enfants brillent devant ces objets dont les couleurs criardes font illusion de modernité... Sur des bouts de tissu à même le sol, des pyramides d'ananas et de pastèques dont la région, agricole, est grosse productrice. Un vendeur de coques pour téléphones portables diffuse en boucle, et au volume maximum d'un appareil fatigué, une annonce lancinante.

Des titrologues agglutinés

Le brouhaha ne semble pas perturber les titrologues agglutinés devant la librairie de la ville, sobrement dénommée Librairie de Bonoua . On vend tous les livres, explique Ahouré Anoh Firmin, le gérant. On fait la papeterie, on vend la presse, la presse importée, les quotidiens et ainsi de suite. Mais depuis que les journaux ont augmenté [en avril 2014, NDLR], la presse même ne marche plus comme avant. Avant c'était 200 F CFA. Maintenant ils ont fait à 300, c'est un peu difficile. Les gens veulent en acheter, mais ils n'y arrivent pas. Donc des titrologues, il y en a plein ! Quand les lecteurs voient les titres, c'est comme s'ils avaient acheté le contenu du journal. Ils en parlent beaucoup, mais sans acheter

Ahouré Anoh Firmin est un peu la mémoire de cette librairie, créée dans les années 1990 sous l'enseigne de la Librairie de France, acteur historique du livre en Côte d'Ivoire. J'ai fait ma formation à la Librairie de France, et je suis arrivé à Bonoua pour un stage. Quand mon patron, Parma Sekongo, l'a rachetée en 2008, j'ai continué. Jusqu'à présent. Il y a deux salariés, moi et mon collègue.

Concurrence déloyale ?

Si la presse se vend moins, est-ce que les chiffres des livres se maintiennent ? Les livres que nous vendons le plus, précise le gérant, ce sont les livres scolaires. La littérature générale, nous en vendons juste un peu. Parce qu'ici, ce sont des paysans. Ils n'aiment pas trop la lecture. Donc la littérature générale, ce sont les élèves qui viennent en acheter. Ce qui est au programme.

Traditionnellement, c'était donc entre la rentrée scolaire et Noël que la librairie faisait l'essentiel de son chiffre d'affaires. Mais en fait, on s'en sort pas trop, s'échauffe Ahouré Anoh Firmin. A la rentrée, il y a trop de librairies par terre qui viennent s'ajouter. Et puis, jusqu'à aujourd'hui, les professeurs vendent les livres à l'école ! Ils vont voir les éditeurs, ce qui n'est pas censé se faire. Nous payons les impôts, nous payons tout, mais quand eux ils vont, ils ont les mêmes pourcentages que nous chez les éditeurs ! Ce n'est pas normal. L'Etat doit essayer de voir cela. Parce que nous sommes installés, nous payons nos impôts. Mais à la rentrée, on voit que le boulot est départagé partout ... suite de l'article sur RFI