jeudi 8 fevrier 2018 par Pôle Afrique

L'édition 2018 de la journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines a été marquée en Côte d'Ivoire ce mardi 06 février, par un panel organisé à l'Institut français par le Ministère de la Femme, de la protection de l'Enfant et de la Solidarité, l'Ambassade de France, l'UNICEF, l'UNFPA. Des organismes agissant dans ce combat et des responsables de la société civile ont profité de l'occasion pour réitérer leur engagement pour l'épanouissement de la jeune fille.

Tous engagés contre les mutilations génitales féminines. Ce mardi 6 février, guides religieux, acteurs de la société civile, organismes internationaux et écrivains, ont à nouveau parlé d'une même voix pour dénoncer ces pratiques.

Ce combat est le nôtre, nous appelons la mobilisation de tous. Les organisations féminines, ceci est votre combat, levez-vous ! , a invité d'entrée l'abbé Norbert ABEKAN. Venez à la fondation, musulman ou non, afin qu'ensemble nous puissions éradiquer ce mal , renchérit l'imam Cissé Djiguiba, fondateur de la Fondateur Djigui qui fait de la lutte contre l'excision un combat personnel.

Ce panel a été marqué par la projection de statistiques sur l'ampleur de ces pratiques en Côte d'Ivoire. Selon les données de l'Institut national de la statistique (INS) recueillies après une enquête en 2016, chaque année, une femme sur trois, soit trois millions de femmes âgées de 15 à 49 ans sont mutilées. A en croire cette structure, cette pratique est faite au nom de la coutume, de la tradition, laissant ainsi des femmes marquées à vie, des femmes obligées de porter le poids de ce sombre souvenir et des séquelles physiques et morales.

La répartition sur le territoire national indique que les zones nord, nord-ouest et ouest de la Côte d'Ivoire sont les plus touchées par ce mal. Elles sont suivies par les zones centre-nord et sud-ouest du pays.

A cette tribune, l'écrivaine Aminata Touré auteur de Couteau brûlant , a édifié par son témoignage. Victime de cette pratique depuis l'âge de 8 ans, elle a partagé son expérience avec le public. Elle a décidé de transformer sa douleur en ce noble combat qui est de lutter contre les mutilations génitales féminines. Aminata Touré a également demandé la prise en charge des femmes excisées qui sont très souvent oubliées. On assiste le plus souvent à la réinsertion des exciseuses et on tient rarement compte des excisées. La douleur est psychologique et elles ont besoin de beaucoup plus d'attention afin de surmonter ce mal ,recommande-t-elle.

Dans cette même veine, les médecins panélistes Jean-Marie Masumbuko et Joseph Ehui ont apporté une note d'espoir sur la possibilité de redonner le sourire aux victimes des mutilations génitales féminines. Ils ont expliqué le processus de la reconstruction clitoridienne et ont proposé des méthodes et solutions de prise en charge des victimes en prenant exemple sur le Burkina Faso.

En Côte d'Ivoire, la pratique est interdite. L'article 2 de loi n°98-757 du 23 décembre 1998, la condamnant dispose que quiconque commet une mutilation génitale féminine est puni d'un emprisonnement de 1 à 5ans et d'une amende allant de 360 000 à 2 000 000 de FCFA. La peine est portée au double si l'auteur du corps médical ou paramédical. Le juge peut en outre lui interdire l'exercice de sa profession. La peine d'un emprisonnement est de 05 à 20 ans en cas de décès de la victime .

Mais cette mesure n'empêche pas les auteurs d'être toujours actifs. Selon les médecins panélistes, l'excision se pratique maintenant sur les bébés et c'est lors des consultations que les médecins le constatent. A ce jour ; ce sont uniquement 12 cas d'emprisonnement qui sont enregistrés dans tout le pays.

Josiane Sina (Stagiaire)

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