vendredi 9 fevrier 2018 par Pôle Afrique

Les actes de racket se poursuivent en Côte d'Ivoire et les chauffeurs sont les premières cibles des racketteurs assermentés.

La scène est surréaliste mais bien réelle. Tu me donnes 5000 F ou je te colle une contravention de 22500 F ! Le jeune Koffi qui saisit PôleAfrique.info hier aux encablures de 19h30 n'en revient pas. Il a reçu une contravention avec retrait de toutes les pièces par l'Adjudant Bamba de la police Sotra de la zone portuaire. Les faits tels qu'il les rapporte indiquent qu'il aurait marqué un arrêt avant la zone arrêt pour laisser sortir deux véhicules de transport qui effectuent les voyages vers Grand-Bassam et Bonoua. Erreur de gawa ! Le policier qui attendait en ce début de matinée une proie, n'a pas hésité à sauter devant son taxi compteur immatriculé 8572 HL 01. Sur la contravention Sotra , il est mentionné occupation de l'arrêt avec le matricule volontairement illisible de l'agent. On distingue 092sans pouvoir bien déchiffrer la dernière lettre ou dernier chiffre.

J'ai marqué une halte pour laisser passer deux véhicules de transport de Grand-Bassam, toute chose qui ne peut se faire si je suis bien à l'arrêt car les voitures passeront derrière moi. Le policier est venu et a exigé mes pièces, le permis. Je les lui ai remis sans broncher. Il m'a alors signifié que j'ai occupé l'arrêt, j'ai dit non et expliqué l'arrêt pour éviter un accident. Il m'a alors demandé 5000 FCFA ou une contravention. Je venais de commencer et n'avais que 1000 FCFA. Je lui ai dit de prendre car je n'avais rien comme argent. Il a alors mis 1h de temps à remplir la contravention et retiré toutes les pièces et mon permis de conduire. J'ai fait remarquer qu'il peut retirer le permis mais pas toutes les pièces du véhicule. Il m'a juste dit que comme je n'ai pas trop bavardé comme d'autres chauffeurs et que je suis resté courtois, de payer 5000 F. N'ayant pas cet argent, il m'a délivré une contravention me faisant savoir que si je ne paye pas sous 48h il ira à la centrale (préfecture de police) avec mes documents. Et là ça sera compliqué explique à froid mais très remonté le chauffeur.

Ce genre de scène est courant à Abidjan où depuis l'affaire Me Diallo Souleymane contre Sotra en 2007, la société a pris soin de matérialiser ses arrêts qui constituent des sites propres.

Mais, que dit la réglementation en vigueur sur le sujet ? La Sotra qui est une entreprise publique doit-elle ouvrir une régie propre pour y percevoir des contraventions ? Ne sont-ce pas des policiers de l'Etat qui y sont affectés ? Si oui, alors c'est la continuité du service public de sécurité au profit de l'Etat qui exigerait donc le paiement des contraventions au Trésor public.

Car, j'ai un collègue qui m'a rapporté qu'une fois, victime de cette contravention, et parti retirer ses pièces, la secrétaire lui a demandé de payer 15000 F sans reçu et a pris ses documents soutient Paul Koffi.

Dans l'impossibilité d'avoir la version du flic, le Directeur Général de la Sotra, Méïté Bouaké qui présentera cet après-midi les perspectives de l'entreprise pour cette année, devra inclure une information destinée aux usagers de la route à Abidjan sur la question.

PôleAfrique.info a adressé une demande d'information à cet effet à l'Agent judiciaire du Trésor pour mieux informer les ivoiriens sur la question. Quel est le montant réglementaire de la contravention de 3è degré en Côte d'Ivoire ? En 2007, son prédécesseur, dans l'affaire Me Diallo Souleymane contre Sotra, précisait qu'elle était de 2000 FCFA.

Les dispositions ont-elles en la matière changé ? La Sotra, l'Agent judiciaire du Trésor ou mieux, le Directeur Général du Trésor devraient tous, chacun en ce qui le concerne donner de la voix sur cette contravention de 22500 F ou même, selon des chauffeurs rencontrés, de 40.000 F. Un vrai foutoir comme la conduite de certains chauffeurs de bus !

Adam's Régis SOUAGA

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