jeudi 22 fevrier 2018 par Pôle Afrique

Les actes de bravade contre l'autorité de l'Etat incarnée par des agents des forces de l'ordre se multiplient. Adjamé, Doropo, Soubré et récemment Bloléquin. Mais aussi, cette vidéo du dénommé Bamba qui tire le treillis du jeune gendarme surnommé Crezo sur l'axe Daloa-Zoukougbeu. La vague d'incivisme va-t-elle connaître un arrêt ?

Le Conseil des ministres de ce mercredi 21 février a annoncé un discours du Chef de l'Etat sur les derniers événements qui ont secoué le pays. Les symboles de l'Etat ne résistent plus devant la furie vengeresse des ivoiriens qui ne demandent pas une justice impartiale. Ils se font justice. Par la destruction de biens publics, par la mort donnée à des ivoiriens qui incarnent l'autorité de l'Etat. Sur les raisons de cette flambée de violence sociale contre les symboles de l'Etat, la militante et activiste des réseaux sociaux proche du RDR, Mamichou Kaba Mama, indique à PôleAfrique.info que les ivoiriens ont perdu beaucoup en matière de culture, du savoir-vivre et du bon sens malgré les efforts du gouvernement. Quand le Président (Alassane Ouattara NDLR) nous demande d'être des ivoiriens nouveaux, je pense que c'est à tous les niveaux. Il faut développer chez chacun cet esprit de civisme recommande-t-elle.

Poursuivant elle estime que La violence est devenue aujourd'hui un jeu pour une partie de la population, parlant de cette bavure qu'il y a eu à Bloléquin, je le répète chacun à sa part de responsabilité. Quand des personnes censées protéger une population et faire respecter les lois s'adonnent à la corruption, à la gabegie sous les yeux de cette même population, il ne peut qu'en résulter ce à quoi on assiste aujourd'hui. Pour se faire respecter, il faut commencer par respecter ses principes soi-même. Le président demande à tous d'être des ivoiriens nouveaux, chacun a sa part de responsabilité dans cette affaire. Population civile aime corrompre quand elle se retrouve dans un dilemme et Corps habillés aiment les dessous de table dénonce Mamichou Kaba Mama.

Le juriste-politiste Geoffroy-Kouao Julien estime pour sa part que nous faisons face à un incivisme républicain qui procède de notre régime politique, le présidentialisme. Les autorités déconcentrées et décentralisées n'ont pas assez de pouvoirs ou du moins agissent en attendant la décision venant du pouvoir central. Il faut redistribuer le pouvoir politique et administratif entre plusieurs mains, renforçant ainsi l'autorité de L'Etat et de ses démembrements recommande l'enseignant-chercheur de Droit public et depuis peu, essayiste. Son dernier ouvrage, Le Premier Ministre, un Prince nu .

Dr Kouakou Albert Yao est lui sociologue et enseignant-chercheur à l'Université Lorougnon Guédé (Daloa). Pour lui, Il y a quelques années de cela, Nous assistions à des bavures quasi quotidienne des forces de l'ordre. De plus, Comment peut-on expliquer qu'un policier, un gendarme, nos forces de l'ordre qui sont censés Protéger le citoyen, ôte la vie à ce dernier sous le prétexte que ce dernier ne s'est pas arrêté à un corridor, ou a tenu des propos injurieux ou autres choses ? La montée de l'injustice faite aux populations par les forces de l'ordre est une des explications de cette situation explique le sociologue à PôleAfrique.info. Lorsque les forces de l'ordre commettent une bavure, comme on le dit en Côte d'Ivoire, ça ne va pas quelque part. Alors, si pour un billet de 1000f parce que tu es en tenue, tu peux ôter la vie à ton semblable, la population se fera justice pour exprimer son mécontentement et son dépit des pratiques de nos corps à billets, pardon corps habillés explique l'enseignant-chercheur. Poursuivant son explication, Dr Kouakou Albert Yao s'interroge : Protéger le citoyen, n'est-ce pas aussi l'orienter, l'accompagner pour que celui-ci se mette en règle vis à vis de la loi ?

Si vous remarquez, la majorité des vindictes populaires se passent en zone rurale. Nos parents ne sont pas lettrés pour la majorité. Quand vous leur demandez un papier d'assurance de moto, de vignette ou tout autre papier et que ce dernier ne l'a pas, il faut à tout le moins lui expliquer la procédure et le coût pour l'obtention de ce document plutôt que d'exiger chaque fois que ce dernier donne 1000f ou 2000f pour passer le barrage de sécurité. Si nous admettons que la pauvreté sévit en milieu rural, réclamer chaque fois un tel montant peut exacerber les populations. Apprenons à accompagner nos parents pour que ceux-ci se mettent en règle vis-à-vis de la loi plutôt que de leur réclamer des billets de mille francs chaque fois alors que le paiement ne règle pas le problème sur une longue durée soutient Dr Kouakou Albert Yao.

Gondé Yacouba, enseignant de Philosophie à Divo fait savoir que Cette justice de la rue qui nous ait donné de constater ces dernières années peut s'expliquer doublement. Primo le commun des ivoiriens n'accorde plus de crédit à la justice ivoirienne puisqu'elle semble être à la solde des puissants et très souvent la population à l'impression que de présumés coupables sont relaxés après un simulacre de procès. Secundo, l'ivoirien naguère doux et débonnaire semble avoir pactisé davantage avec la violence depuis l'intrusion des armes dans le règlement des affaires relève l'enseignant. ... suite de l'article sur Pôle Afrique

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