samedi 23 juin 2018 par LInfodrome

En marge d'une table ronde internationale organisée les 21 et 22 juin à Grand-Bassam, en Côte d'Ivoire, le Directeur Pays de la Banque mondiale, Pierre Laporte s'est confié à linfodrome.ci. Il parle de la dégradation prématurée des infrastructures au c?ur de la rencontre, mais aussi du drame des pluies diluviennes à Abidjan et de la solution trouvée pour la pénurie d'eau à Bouaké.

Monsieur le Directeur, A quelle problématique répond cette deuxième table-ronde mondiale sur la gouvernance et les outils de l'infrastructure dont le thème est ''Construire la bonne infrastructure pour demain''?

Cette rencontre est focalisée sur l'aspect gouvernance des infrastructures. Comme on le sait, l'infrastructure, surtout en Afrique, reste une grande contrainte pour le développement, parce qu'on n'a pas suffisamment d'énergie, de ressources, de l'eau potable, suffisamment de route pour permettre le mouvement des biens et des personnes. On a eu beaucoup d'investissements pendant des années, mais souvent l'efficacité de ces investissements n'a pas été à la hauteur. L'objectif de cette table-ronde est de regarder de plus proche les axes de gouvernement pour s'assurer que ce n'est pas seulement une questions de mettre de l'argent pour construire des infrastructures, mais comment le faire de manière efficace, de façon saine, en prenant en compte les normes et standards de bonne gouvernance.

Y a-t-il des constats qui ont conduit à ces réflexions ?

Oui, en effet, c'est la deuxième conférence dans ce secteur. La première était au Cap il y a deux ans. Aujourd'hui, ce n'est pas seulement qu'on réfléchit, on essaie d'adresser pour avoir une nouvelle vision, mais aussi de tirer des leçons des pays où les choses ont bien évolué, où on a eu des expériences positives et aussi négatives qui nous permettront de ne pas répéter les mauvaises pratiques, et en même temps de s'inspirer de l'expérience de là où les choses se sont bien passées. Si je peux aller un peu plus dans les détails, quand on parle de la gouvernance, c'est toute la chaîne de l'investissement. C'est dans la préparation, les projets. On doit avoir un cadre réglementaire légal, qui gouverne toute cette question. On doit avoir les compétences du gouvernement, des investissements privés pour monter des projets qui sont fiables. Des projets qui sont alignés au besoin stratégique d'un pays ou d'une région, à tous les stades d'investissements et à tous les aspects de passations de marchés. On évite les mauvaises pratiques, on met les ressources à la disposition des gens qui sont mieux placés ou aux financiers qui nous donnent les meilleures conditions. Il y a aussi l'aspect suivi, pour s'assurer qu'on a donné un contrat à un contractuel qui va mettre sur la route l'argent qu'il doit mettre. Ou bien, est ce qu'il mettra une partie de l'argent à côté pour faire une route de 3mm au lieu de 5 mm. Et il y a tous ces aspects que nous sommes en train de voir aujourd'hui.

Justement, existe-t-il un mécanisme de suivi pour éviter ces détournements et ces manquements ?

Si je parle des projets de la Banque mondiale, oui ! Parce que, d'abord quand on a un projet pour un pays, ça doit être dans le cadre de notre stratégie pour le pays. C'est considéré comme une priorité. Deuxièmement, pour tous les projets de la Banque mondiale, avant qu'on ne donne de l'argent à l'Etat, on va s'assurer que la structure qui va gérer ces ressources est fiable. C'est un test, nous avons nos experts fiduciaires, comptables, en passation de marchés, qui regardent les structures. Est-ce que ces structures ont des compétences pour assurer la bonne gestion de nos ressources ? Si oui, on fait le projet, si non, on met en place ces structures. Pendant l'exécution des projets, on a tout un mécanisme de suivi en interne chez nous. Tous les marchés qui sont passés pour les projets de la Banque mondiale, par exemple si on donne 100 millions de dollars pour faire une route, les Etats ne peuvent pas donner le contrat à qui ils veulent.Ils doivent d'abord passer le marché, le système d'offre et cet appel d'offre doit venir vers la banque et on vérifie tout ça pour s'assurer que le contractuel qui a la meilleure proposition aura le projet. Pendant l'exécution aussi, on a tout un suivi, sur les aspects financiers, les aspects sauvegardes. Si un projet de route va impacter les populations, que ces populations soient indemnisées avant qu'on ne fasse le projet. ... suite de l'article sur LInfodrome