jeudi 6 septembre 2018 par Abidjan.net

Candidat indépendant à la Mairie de Cocody, Tiémoko Doumbia, Professeur Titulaire de socio-économie du développement, a expliqué, face à la presse, le mercredi 05 septembre 2018 à la Riviera, les motivations de sa candidature. Faire en sorte que Cocody retrouve ses marques , à travers un développement participatif. C'est ce qui ressort dans ses propos liminaires ci-dessous retranscrits.

Messieurs les journalistes, chers amis de la Presse, nous avons souhaité vous rencontrer ce matin pour vous annoncer que, dans le cadre des élections municipales et régionales de 2018, nous sommes candidat pour la Mairie de Cocody.

Évidemment, comme vous le savez, en cette période, il y a une floraison de candidatures. Ces candidatures sont pour la plupart justifiées par le principe démocratique qui veut que dans toute société, il y ait des partis politiques et que ces partis politiques se mettent en compétition à la fois pour la conquête du pouvoir national et du pouvoir local. Il va de soi que la Côte d'Ivoire qui compte plus d'une cinquantaine de partis politiques verra compétir certains citoyens qui bénéficieront de la caution de leurs partis politiques.
Mais à côté de ceux-ci, il y a de plus en plus dans nos pays, les candidats indépendants. Les indépendants, à mon sens peuvent être perçus de deux façons. Il y a ceux qui sont indépendants parce qu'indépendants d'esprit et de comportement et donc qui ne sont pas directement inféodés à un parti politique et qui veulent, sur la base d'un programme, conçu le plus souvent autour d'un consensus, aller à la conquête du pouvoir local afin d'apporter leur contribution au développement de la cité. Il y a aussi de l'autre côté, ceux qui sont dans des partis politiques, qui sont des responsables de ces partis et qui, pour quelques raisons ou faits n'ont pas pu bénéficier de l'onction de leurs partis politiques et décident d'aller en indépendants.

Je voudrais dire que, dans le cadre de ces élections, nous nous inscrivons dans la première approche des indépendants. C'est-à-dire que nous sommes un candidat indépendant qui a constitué une liste de personnalités issues de la société civile, de certains partis politiques, de certains milieux religieux etc. Nous avons mis cette équipe en place parce que nous estimons que la question de l'élection municipale répond moins à des préoccupations politiques qu'à des préoccupations de bien-être économiques et sociales des populations. Alors, qu'est-ce qui peut bien motiver que je sois tête de liste d'une candidature à la Mairie de Cocody ?
Il y a plusieurs raisons. La première est que je me considère comme un fils de Cocody. Depuis 1978, je vis à Cocody. À partir de 1980, lorsqu'Uher Assouan, 1er maire de Cocody a porté sur les fonts baptismaux la jeunesse communale de Cocody, j'ai participé activement, dans les différentes commissions, à la mise création de cette organisation. Ce qui m'a donné l'occasion de poser ma candidature au niveau de la jeunesse de la cité des arts dont j'ai été le premier président. Ayant grandi dans ce quartier, j'ai continué, au-delà de mes activités à m'intéresser à tout ce qui se passe à Cocody. J'ai donc vu grandir Cocody jusqu'à ce jour.

Cocody à une certaine époque était tout un autre Cocody. Cocody était considérée comme le temple de la bourgeoisie, de la beauté, de la sécurité, du bien-être de la population et aussi Cocody était considérée comme le temple du savoir et de la connaissance.
A partir de 1980, face aux tumultudes liées à la crise économique, empirées par le processus démocratique de 1990, une métamorphose a commencé à s'amorcer. Et cela pour plusieurs raisons. Il faut dire que ce n'est pas seulement la crise qui a créé problème mais il y a eu une le processus migratoire. Le développement de nouvelles cités, de nouvelles constructions à Cocody a entrainé un flux migratoire à l'intérieur de Cocody. Ainsi, petit-à-petit, Cocody a commencé à connaitre une autre configuration.
Cette configuration, quand on la regarde historiquement, elle fait ressortir deux éléments. Le premier est que lorsque Cocody était ce que je décrivais tantôt, il avait une classe sociale bourgeoise, de hauts cadres, il y aussi les populations issues des quartiers sociaux. Parce que les quartiers sociaux ont commencé à se constituer à Cocody pour la simple raison qu'à l'époque, les cadres, les hauts fonctionnaires employaient du personnel de maison qui, pour la plupart pour rester à proximité de leur lieu de travail, ont commencé à créer ce que l'on a appelé les quartiers précaires et que pour un langage de courtoisie, nous appelons les quartiers sociaux.
Ainsi, nous nous retrouvons aujourd'hui avec trois catégories de populations à Cocody. Vous trouverez à Cocody des personnes de la haute bourgeoisie parce que tous les milliardaires sont à Cocody et des hauts cadres qui ont un peu de revenus comme nous autres. Et puis, vous trouverez à Cocody ceux qui tirent le diable par la queue. Et comme vous le savez, la crise ayant entrainé des difficultés de richesse et d'emplois, Cocody ressemble aujourd'hui à toutes les autres communes du District d'Abidjan.

La question centrale qui se pose à nous aujourd'hui est de savoir quelle stratégie mettre en place pour que, même si Cocody ne retrouve pas la totalité de sa reluisance des années 70, que Cocody puisse retrouver ses marques de sorte que les populations quelles que soit leurs situations socio-économiques puissent vivre décemment et en parfaite harmonie dans un environnement sain et sécurisé.

La thèse se dégage le plus souvent dans la gestion nos cités, c'est le maire se donne pour mission d'inaugurer les chrysanthèmes, de présider les cérémonies et dans le cadre budgétaire de construire des centres de santé, de gratter les voies, les routes, de construire des commissariats pour la zone urbaine d'Abidjan.
Pour l'intellectuel et le chercheur que nous sommes, la problématique qui se pose est de savoir si cette approche est suffisamment compétitive, adaptée pour amorcer une transformation et apporter un développement pour le bien-être des populations. Nous sommes arrivés à la réponse que c'est non. C'est non parce que nous avons un autre paradigme que nous estimons avoir vécu dans ce pays qui est que le maire doit se défaire de son manteau d'animateur des cérémonies officielles, de porte-voix des partis politiques pour être le chef du village. Nous appelons le chef du village celui qui est à l'écoute des populations, celui qui prend en compte les préoccupations des populations. Parce qu'à la vérité, quand le maire a 50 conseillers, c'est pourquoi ? C'est pour une décentralisation du pouvoir de sorte que chacun des responsables puissent être proches des populations, être à leur écoute et faire remonter les préoccupations. Il va sans dire que le maire ne peut pas être là à regarder les populations dans la souffrance et dans la difficulté.

Au regard de ce diagnostic et de cette approche, nous estimons que le maire doit aller au-delà des solutions et des réponses classiques qui, à un moment donné, ont apporté quelques réponses aux préoccupations des populations mais qui aujourd'hui ne peuvent pas apporter le bien-être que les populations réclament. C'est pourquoi, nous avons développé l'approche participative. La gestion participative qui est que le conseil municipal sous la houlette du maire décide dans un premier temps de faire en sorte qu'il y ait une harmonie entre les populations et les dirigeants que nous devons être. L'approche participative, c'est aussi une façon de gérer qui consistera à associer les populations dans la validation du programme de développement et la mise en ?uvre de ce programme au sein de la cité. Ce qui veut dire que la question de l'emploi doit être regardée avec un ?il particulier parce que le plus grand enjeu aujourd'hui, c'est la formation et l'emploi. Dans toute société, si les jeunes et les femmes sont mieux organisés, il est sûr que nous pouvons créer des richesses parce que la Côte d'Ivoire est une mine de richesses que nous exploitons assez mal. Je suis bien placé pour le dire puisque j'ai fait mes deux thèses de Doctorat sur l'économie de la Côte d'Ivoire. Alors, au regard de cette situation et au regard des nombreuses études que nous avons dirigé, au regard des nombreux mémoires que nous avons encadré et surtout au regard des préoccupations exprimées par les populations, nous pensons que l'heure est venue pour nous ; après avoir théoriquement appliqué que ce nous connaissons et après avoir appliqué pratiquement ce que nous connaissons, nous sommes arrivés à la solution qu'il est temps de mettre en application notre savoir-faire et notre expérience à la disposition de Cocody. Telle est notre volonté et nos projets et nous pensons que nous allons y arriver. Je vous remercie !

CK