jeudi 24 janvier 2019 par L'intelligent d'Abidjan

Cadre du RDR (Rassemblement des républicains) vivant en France et ancien président de la fédération des associations de la diaspora ivoirienne (FADIV), Kader Diaby appelle clairement à une candidature du président Alassane Ouattara pour la présidentielle de 2020. Pour lui, face à l'ancien allié politique Henri Konan Bédié, et probablement l'ex détenu de la Cour pénale internationale, seul le président Alassane Ouattara peut garantir la victoire du RHDP.

Quel est votre avis sur la décision d'acquittement de l'ex chef d'Etat ivoirien, monsieur Laurent Gbagbo ?

Comme tous les Ivoiriens, j'ai appris la décision des juges de la CPI (Cour pénale internationale : NDLR) d'acquitter monsieur Laurent Gbagbo et son co-accusé Charles Blé Goudé. Et comme tout républicain respectueux des procédures judiciaires, attendons qu'elles arrivent jusqu'au bout. Nous verrons ainsi si le président Laurent Gbagbo sera relaxé et libéré de toutes les charges qui avaient été retenues contre lui. Cependant, je note que la crise postélectorale que nous avons tous vécue a fait 3000 morts. Et tous ces morts ne sont pas le fait du hasard. Il y'a eu des décisions et des choix qui ont été faits lors de la présidence de M. Gbagbo. Il y'a eu les escadrons de la mort entre 2000 et 2010, des faits dont tout Ivoirien a eu connaissance. Maintenant, le sort de Laurent Gbagbo à la CPI n'est pas ce qui me concerne aujourd'hui.

Si Laurent Gbagbo était libéré après le 1er février prochain, que pourrait être votre sentiment ?

Moi je veux dire simplement ceci. Quand on est chef de l'Etat, et qu'on a eu sous son mandat 3000 morts et avec les escadrons de la mort ; tout le monde sait ceux qui ont été tués en Côte d'Ivoire. Toutes les enquêtes qui ont été menées ramènent vers ceux qui étaient au pouvoir à l'époque. Si la décision demeure son acquittement et sa relaxe, je reste observateur et perplexe. Pour moi la question est celle-ci. Gbagbo acquitté et en Côte d'Ivoire, quels comportements de tous les Ivoiriens pour consolider la paix aux fins d'avoir un pays toujours aussi stable qu'il l'est aujourd'hui ?
Pourtant beaucoup d'observateurs, même dans le camp du président Alassane Ouattara jugent que le retour au pays de Laurent Gbagbo donnera un coup de fouet au processus de réconciliation nationale.
Je dirai clairement que cela dépend des dispositions dans lesquelles sera Laurent Gbagbo lui-même. Est-ce qu'il tirera les leçons de ce qui s'est durant la crise postélectorale en se croyant intouchable quand il était aux affaires ? Est-ce qu'il pourra demander à ses partisans de rester calmes, et leur demander d'aller vers une Côte d'Ivoire réconciliée et apaisée ? Ou reviendra-t-il avec les discours qui ont créé la guerre et la désunion dans notre pays ? La suite est entre les mains de monsieur Laurent Gbagbo.
Il est également observé que la libération du président Laurent Gbagbo redistribuera les cartes dans le paysage politique ivoirien et pourrait rendre désuets les pronostics actuels pour 2020.
Je ne le pense pas. Car, quand on dirige un parti politique comme le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix : NDLR), on ne fait pas ses calculs sur l'éloignement ou l'absence d'un adversaire politique de l'importance de Laurent Gbagbo. Penser que sa libération redistribue les cartes, c'est penser que depuis 2010, le président Alassane Ouattara et le RHDP souhaitaient que monsieur Laurent Gbagbo ne soit pas libéré
jusqu'en 2020. Connaissant les cadres du RHDP, je ne pense pas que les calculs furent fondés sur cela. Pour moi, c'est sur la base du travail accompli par le président Alassane Ouattara qu'il se fera réélire en 2020 s'il est candidat à l'élection présidentielle.

Vous pensez que le RHDP peut gagner la présidentielle à venir sans son principal allié le PDCI ?

Il y'a encore des ténors du PDCI qui sont toujours membres du RHDP. Mais le plus important est de savoir si le RHDP arrivera à convaincre les Ivoiriens sur la réalité des réalisations qui ont été faite sous la gouvernance du président Alassane Ouattara. La question est aussi et surtout de savoir, si la désunion qui pointe le nez avec les velléités des partisans de Soro Guillaume ne vient pas brouiller le message des actions et réalisations de développement de la Côte d'Ivoire. Voilà pourquoi je veux être solennel, ferme et appeler le président Alassane Ouattara à prendre ses responsabilités. Il faut qu'il nous annonce lors de ce premier congrès du RHDP parti unifié, sa candidature à l'élection présidentielle de 2020.

Vous appelez donc le président Ouattara à briguer un troisième mandat ?

C'est mon appel aujourd'hui ! Le président Alassane Ouattara doit être le candidat du RHDP à la présidentielle de 2020.
Il n'est donc pas possible de trouver une alternative au président Alassane Ouattara au sein du RHDP, tout en sachant qu'il arrive au bout de son second mandat ?
Si on veut trouver des alternatives au président Ouattara au sein du RHDP, on en trouvera. Mais il est question de savoir, est-ce qu'en 2020, on donne l'occasion au chef de l'Etat de consolider la paix et la stabilité qu'il y'a aujourd'hui en Côte d'Ivoire ? Avec le président Henri Konan Bédié qui se présente certainement, et le président Laurent Gbagbo qui arrive aussi probablement s'il est relaxé, c'est maintenant qu'il faut nous unir autour du président Ouattara, faire taire les supputations et atermoiements pour engager résolument nos efforts pour la réélection de notre leader en 2020.



Entretien réalisé par Jean-Paul Oro à Paris