mercredi 10 avril 2019 par AIP

Abidjan - La 12 édition de Ibrahim Gouvernance Week-end (IGW), événement phare de la Fondation Mo Ibrahim, organisée dans une capitale africaine différente chaque annee, s'est tenue du 5 au 7 avril 2019 à Abidjan, avec pour thème : jeunesse africaine : faute d'emplois ?

Pendant trois jours, des dirigeants politiques et des chefs d'entreprises de premier plan, africains ou opérant sur le continent, des représentants de la société civile, des institutions multilatérales et régionales, ainsi que les principaux partenaires internationaux de l'Afrique se sont réunis à Abidjan, afin d'identifier les enjeux de la mobilité des jeunes africains au sein et à l'extérieur du continent et leurs priorités à mettre en ?uvre.

Selon la directrice générale de la Fondation Mo Ibrahim, Nathalie Delapalme, la Côte d'Ivoire a fait un grand bond en avant en matière de bonne gouvernance publique selon l'Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG). Ce pays qui sera sous les feux des projecteurs pendant tout un weekend, avec plus de 800 participants venus du monde entier, a un parcours impressionnant sur la bonne gouvernance depuis ces 10 dernières années, malgré la crise qu'elle a traversée en 2011. En 2017, la Côte d'Ivoire a été classée 22ème sur les 54 pays africains, ce qui la met en tête des progressistes. C'est un parcours remarquable ! , a-t-elle justifié.

L'IIAG est un outil de mesure et de suivi des performances en matière de gouvernance dans les pays africains, dans les domaines politique, social et économique auxquels chaque citoyen peut légitimement prétendre auprès de l'Etat, et que tout Etat est tenu d'offrir à ses citoyens. Mme Delapalme soutient que les indicateurs recueillis sont impartiaux et mis à la disposition des décideurs des pays pour leur permettre de mieux orienter leurs investissements, surtout vers la jeunesse et le secteur économique, qui ont beaucoup à donner au continent.

En effet, en 2017, le nombre de migrants africains s'élevait à 36,3 millions, soit 2,9% de la population du continent, et 14,1% seulement du nombre total de migrants dans le monde.

Selon L'Organisation de International de l'immigration, (OIM), 90% des africains migrent à l'intérieur même du continent. Selon les jeunes présents au forum, leur mobilité est due au chômage, aux guerres, au manque de formation universitaire de pointe, à l'insécurité et le manque d'espoir face à la politique des gouvernants africains.

Premier producteur mondial de cacao et de noix de cajou, exportateur de pétrole doté d'une industrie manufacturière importante, la Côte d'Ivoire exerce une influence économique considérable dans la sous-région d'Afrique de l'Ouest, détenant 40% du PIB de la zone Uemoa. Malgré de récentes tensions au sein de la coalition au pouvoir, elle a retrouvé sa stabilité politique. En août 2018, le président Alassane Ouattara a amnistié 800 détenus politiques poursuivis pour des crimes liés à la crise post-électorale de 2010-2011. Depuis lors, des centaines de prisonniers politiques ont été libérés, y compris l'ancienne première dame Simone Gbagbo.

La Côte d'Ivoire a amélioré de surcroît son rang dans le classement Doing Business 2019 de la Banque mondiale publié le 31 octobre 2018.

Ce choix de la Côte d'Ivoire pour l'édition 2019 de l'IGW a permis à ce pays de partager la dynamique de sa croissance économique ivoirienne, depuis la fin de la crise post-électorale de 2010-2011 et attirer les investisseurs, afin d'endiguer le chômage des jeunes. Nous avons identifié des secteurs de croissance pour recevoir les investissements et combattre la corruption. Des initiatives ont permis de réduire les déficits publics et ceux de la balance de paiement. De même, alléger la dette qui est aujourd'hui autour de 45% du PIB et une politique monétaire qui contrôle l'inflation , a soutenu le président ivoirien Alassane Ouattara, lors d'un panel de haut niveau tenu samedi. Poursuivant que depuis que nous sommes aux affaires, l'inflation n'a jamais dépassé 1%, ce qui a permis une croissance économique de 2012 à 2018 de 8% par an. Il a aussi invité les jeunes à avoir des formations et des compétences requises par les employeurs.

Les jeunes affirment que loin d'être des poids pour les pays qui les accueillent, ils contribuent au PIB en payant leurs impôts et taxes, car ils y dépensent 85% de leurs revenus. Ce gain peut être produit et servir leur pays d'origine si les gouvernants mettent un climat économique, social et politique propice.

Tout comme le président Ivoirien, l'homme d'affaires nigérian présent à l'IGW, et exerçant dans le domaine de la cimenterie, conseille aux jeunes de s'intéresser davantage au secteur de l'agriculture qui est un grand pourvoyeur d'emplois. L'Afrique a 67 % de terres arables, seulement que les dirigeants africains respectent les accords sous-régionaux qu'ils ont eux-mêmes signés afin de permettre à la main d'?uvre .

Dr Mo Ibrahim, ainsi que la vice-secrétaire générale de l'Onu, Amina Mohammed, sont unanimes pour dire que la paix et l'investissement du secteur privé peuvent stabiliser et maintenir les jeunes dans leurs pays respectifs et éviter le flux vers d'autres pays, avec les risques encourus.

Le IGW 2019 était composée de travaux en ateliers, de panels de haut niveaux animés par des mentors, tels l'homme d'affaire nigérian Aliko Dangoté et la vice-secrétaire générale de l'Onu Amina Mohammed, avec le Président Ouattara, de la Leadership Ceremony consacrée à l'ancien secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, et d'un concert grand public avec des stars africaines telles que Youssou N'Dour et Fally Ipupa.

tls/fmo