mardi 26 fevrier 2019 par Abidjan.net

?'Abidjan dépense chaque jour plus de 4 milliards de francs CFA dans le transport, soit 5% du Produit Intérieur Brut''. C'est ce que révèle le huitième rapport de la Banque Mondiale sur la situation économique en Cote d'Ivoire intitulé ?'Que la route soit bonne, améliorer la mobilité urbaine à Abidjan?', présenté le 21 février dernier au cours d'une cérémonie à la Primature.

Selon Anne-Cecile Souaid, Spécialiste principale en Transport à la Banque mondiale et Co-auteur du rapport, ?'Abidjan compte environ 10 millions de déplacements et chaque ménage dépense près de 1075 Fcfa et perd plus de 3 heures dans le transport''. Quand les plus démunis y dépensent 30% de leurs revenus. Ce rapport plaide pour une prise de conscience collective et urgente de la problématique de la mobilité urbaine, sans laquelle, il est improbable que l'urbanisation du pays en cours génère les effets d'agglomération qui pourraient mener son économie plus rapidement vers l'émergence, a expliqué Anne-Cecile Souaid. Les conséquences pour les entreprises c'est la perte de leur compétitivité, quand les ménages dépensent énormément, gaspillant du temps sans compter l'insécurité et la pollution dont ils souffrent. Le manque de mobilité urbaine dans la ville d'Abidjan s'explique par une déficience d'infrastructures de transport, la quasi absence de transport public (moins d'un déplacement sur 10 se fait par ce moyen) et par le non respect des codes de la route, révèle ledit rapport.

La prise en compte de la mobilité urbaine peut contribuer à construire une croissance économique à la fois quantitative et plus inclusive. L'amélioration de la mobilité urbaine de 20% pourrait accroître la croissance économique du pays d'au moins 1% , a indiqué Jacques Morisset, chef des programmes de la Banque Mondiale en Côte d'Ivoire, principal auteur du rapport.

Ce rapport a également passé en revue les excellents récents résultats économiques du pays, mais dénonce tout de même une croissance peu inclusive. ''La Côte d'Ivoire observe une croissance maîtrisée autour de 7,4% en 2018. Le pays reste ainsi l'une des économies les plus dynamiques de la planète et affiche le taux de croissance le plus élevé de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA)'', note le rapport.

Cependant, en dépit de toutes ces prouesses économiques, cette croissance accélérée n'a guère été inclusive. ?'Si le revenu national s'est accru de 80% entre 2012 et 2015, le taux national de pauvreté ne s'est réduit que de 51% à 46,3% pendant cette période. De surcroît, le nombre de pauvres est resté le même que celui qui existait en 2008, soit environ 10,7 millions de personnes'', fait savoir le rapport.

Représentant le Premier ministre, le Ministre de l'économie et des finances, Adama Koné a salué ce rapport qui quoique ?'relevant quelques difficultés vient confirmer la bonne santé de l'économie ivoirienne''. Ce rapport atteste également de la perspective de maintien d'une inflation modérée, un déficit public au norme et un niveau d'endettement soutenable'', s'est félicité le Ministre Adama Koné. Il a relevé que le gouvernement ivoirien est conscient du fait que l'amélioration de la mobilité urbaine peut contribuer efficacement à générer des gains de croissance importants pour la Côte d'Ivoire. C'est pourquoi, dira-t-il, le Gouvernement s'est engagé dans la construction et la réhabilitation des infrastructures de transport. Adama Koné a promis l'analyse des recommandations du rapport en vue de sa prise en compte.


La Cote d'Ivoire pourrait aussi optimiser sa croissance économique à travers une urbanisation planifiée et maîtrisée, conseille le rapport.