mardi 14 mai 2019 par Le Patriote

On le pressentait. On le voyait venir. Maintenant, on a la confirmation. Le Front patriotique est en pleine reconstitution. Le PDCI-RDA et le FPI ont décidé de se remettre ensemble. L'information a été donnée, samedi dernier, à Grand-Bassam, par le secrétaire exécutif du PDCI-RDA. Au cours d'une cérémonie avec des militants de son parti, le Pr Maurice Kacou Guikahué a révélé les vraies motivations de sa mission à Bruxelles. Le président Henri Konan Bédié nous a envoyés à Bruxelles. Je suis allé, j'ai salué Gbagbo, j'ai discuté avec Gbagbo.

A partir d'aujourd'hui, il y a la réconciliation entre le FPI et le PDCI-RDA , a-t-il lancé. Mieux, pour montrer que les négociations entre les deux partis politiques sont très avancées, le secrétaire exécutif du PDCI-RDA précise que l'entretien entre lui et Laurent Gbagbo a abouti à une alliance qui ressemble étrangement à celle scellée en 2000, lors de la transition civilo-militaire dirigée par le général Robert Guéi, appelée Front patriotique. Le président Henri Konan Bédié est un grand homme, c'est un homme de sacrifice, de réconciliation.

Il nous a dépêchés. J'ai eu l'honneur de diriger la délégation, on est parti à Bruxelles. Le président Gbagbo nous a reçus, on a parlé. Je puis vous dire, grâce au président Henri Konan Bédié, qu'à compter d'aujourd'hui, il n'y a plus palabres entre le FPI et le PDCI-RDA. Parce que, chaque fois que l'avenir de la Côte d'Ivoire est en jeu, le président Henri Konan Bédié s'est sacrifié, il a su s'humilier, c'est un homme de paix , explique-t-il pour convaincre tous ceux qui doutent encore d'une éventuelle résurrection du Front patriotique. Or, nombreux sont ceux qui se souviennent encore de l'impact nocif de cette alliance dans l'histoire récente de la Côte d'Ivoire. La fameuse conférence de l'ex-AITACI à Treichville co-animée par Laurent Gbagbo, à l'époque président du FPI, et le ministre Laurent Dona-Fologo, secrétaire général du PDCI-RDA, a été à la base de tous les abus et de toute la haine liée à la xénophobie qui ont nui à la Côte d'Ivoire de 2000 à 2011. Ce jour-là, le PDCI-RDA et le FPI ont fait croire à l'opinion publique qu'une vaste fraude sur la carte nationale d'identité s'opérait au plan national. Alors qu'il n'en était rien. Le but de cette conférence était de présenter le RDR, incarné par son chef, le Dr Alassane Ouattara, comme un parti de fraudeurs et d'étrangers.

La suite, on la connait. La stigmatisation des ressortissants du Nord et la catégorisation de certains métis ont provoqué une tension sans nul pareil au sein de la société ivoirienne qui a été les prémices de toutes les tueries de masse qu'a connues le pays par la suite. Le Front patriotique qui est en train de se mettre en place ne sera pas différent de celui de 2000. L'essence même de sa création regorge les germes pathogènes qui ont rendu malade la Côte d'Ivoire. Cette alliance a pour seul objet d'assouvir la haine que vouent leurs commanditaires à la personne du président Alassane Ouattara. On le sait. Maurice Kacou Guikahué a décidé de conduire le PDCI-RDA dans l'opposition depuis que le poste de président du Conseil économique, social, environnemental et culturel lui a été refusé au profit du ministre Charles Koffi Diby, après que le président Zadi Kessy a décidé de céder le poste pour des raisons de santé. Depuis, il est en guerre contre le président Alassane Ouattara.

Il a réussi pour le moment à convaincre le président Henri Konan Bédié à le suivre dans cette voie en présentant le président Alassane Ouattara comme un mauvais coucheur. Mais la véritable motivation de l'actuel secrétaire exécutif du PDCI-RDA, il faut aller la chercher dans l'instinct grégaire. Dans sa volonté farouche de rapprocher le PDCI du FPI, Maurice Kacou Guikahué roule à la fibre tribale. La défense des intérêts du PDCI n'est qu'un prétexte pour endormir tous ceux qui au parti doyen espèrent de bonne foi à un retour aux affaires. Après s'être servi du PDCI en 2000 pour accéder au pouvoir, le FPI entend rééditer l'expérience du Front patriotique, cette fois avec l'aide du député de Gagnoa sous-préfecture. L'Histoire se répétera-t-elle ? Seul l'avenir nous situera. Toujours est-il que l'avènement d'un Front patriotique n'augure pas de bonnes choses pour la Côte d'Ivoire.
Jean-Claude Coulibaly

Les Ivoiriens gardent un mauvais souvenir de l'alliance entre Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié