lundi 22 juillet 2019 par Le Banco.net

Dans un peu plus d'une année, la Côte d'Ivoire sera à l'heure de l'élection présidentielle. A cette échéance, il faudra trouver un successeur à l'actuel chef de l'État, Alassane Ouattara qui aura alors passé dix ans à la tête de la Côte d'Ivoire, après son élection en 2010, suivie de sa réélection en 2015. C'est déjà l'heure du bilan pour certains. Nous avons rencontré, à ce propos, des leaders de la société civile de pays de la sous-région ouest-africaine. Il s'agit notamment du Burkina, du Mali, du Togo, de la Guinée Conakry et du Sénégal. Et voici ce que les uns et les autres nous ont confié.

Pasteur Komi Edoh,
leader du Mouvement Martin Luther King (MMLK), de la société civile togolaise
La Côte d'Ivoire est toujours assise sur un volcan en matière de réconciliation nationale
A sa prise de fonction en 2011 après son élection controversée en 2010, ADO et la coalition du RHDP qui le portait avaient affaire à trois chantiers prioritaires. Le premier était celui de la réconciliation, le deuxième, sécuritaire, et le troisième, celui du redressement économique.
Au cours de son premier mandat, il est à noter que la réconciliation n'a pas pu être concrétisée, étant donné que la justice était manifestement partiale, orientée contre le camp Gbagbo. Les arrestations de Laurent Koudou Gbagbo, de Charles Blé Goudé et de Mme Simone Ehivet Gbagbo n'ont jamais permis de mettre une couche de ciment d'unité sur les maux de la Côte d'Ivoire. La réconciliation en a pâti. Même les travaux de la Commission de réconciliation chapeautée par l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny, ont été un leurre. ADO présente donc un bilan triste en matière de réconciliation sous ses deux mandats, même si une lueur d'espoir pointe à l'horizon avec la libération de Mme Simone Gbagbo après son amnistie et les libérations conditionnelles de MM. Gbagbo et Blé Goudé (même si ces derniers ne sont toujours pas rentrés au bercail). Le chantier de la réconciliation dans ce pays est bâclé. Il y a encore de l'étincelle dans l'air, d'autant plus que ces derniers mois, le camp présidentiel a affiché des divergences profondes avec les pro-Bédié et les pro-Soro. Le syndrome de la violence est toujours présent dans cet Etat ouest-africain, même si certains réfugiés politiques (pro-Gbagbo) sont rentrés au pays. Les dix ans de gouvernance ADO ont consacré l'impunité sur le plan politique et une justice des vainqueurs après le soutien de l'actuel camp présidentiel aux rebelles au plus fort du bras armé 2002-2011 dans la première puissance économique de l'UEMOA.
La Côte d'Ivoire demeure assise sur un volcan en matière de réconciliation nationale. Une réconciliation qui demeure, d'ailleurs, une illusion. Une donne qui engendre des frustrations légitimes. Ce qui fait redouter le pire en 2020 de la part de plusieurs observateurs avisés de la scène politique ivoirienne, d'autant plus qu'une troisième candidature de M. Ouattara en 2020 ouvrirait une boîte de Pandore.
Sur le plan sécuritaire, une grande confusion demeure autour du processus DDR (Désarmement, démobilisation, réinsertion) en Côte d'Ivoire, après la période 2002-2011. Le chantier sécuritaire demeure très vaste, même si à l'heure actuelle, on assiste à une sorte d'accalmie. Le pays n'est pas encore sécurisé durablement. Les mutineries successives de ces dernières années en sont une preuve patente. Le côté républicain des Forces armées de la Côte d'Ivoire reste à reconstruire, malgré l'appui des Nations Unies. Il urge de s'attaquer efficacement à ce chantier prioritaire pour chasser les vieux démons, surtout en cette fin de second quinquennat de l'ancien haut fonctionnaire du FMI. ... suite de l'article sur Le Banco.net