jeudi 8 aout 2019 par L'intelligent d'Abidjan

Suite à des rumeurs faisant état de sa volonté de briguer la présidence du conseil d'administration du Burida, pour contribuer à mettre de l'ordre et de la stabilité dans cet organisme, Tiburce Jules Koffi , écrivain, acteur, musicien (artiste presque complet selon lui ), a accepté de parler à L'intelligent d'Abidjan. Il profite pour jeter un regard sur la vie politique et sociale de la Côte d'Ivoire, notamment les élections de 2020. Interview exclusive avec Tiburce Koffi toujours aussi percutant !


Monsieur Tiburce Koffi, vous êtes encore entré en hibernation et retiré aux Usa, en Caroline du Nord après avoir été aperçu aux cotés de Soro, lors de sa conférence de presse, au lancement du comité politique. Une présence qui avait fait jaser .Qu'en était-il est-exactement ?


Les choses sont plus simples que ça. J'étais au pays, et j'ai appris, par un journaliste, que M. Guillaume Soro tenait une conférence de presse à son domicile privé. Et c'était ouvert aux journalistes. Tout logiquement, je m'y suis rendu pour vivre l'événement, car c'était un événement. Tout logiquement aussi, il a exprimé publiquement sa joie de me voir à cette conférence dont j'ignorais d'ailleurs l'objet ; et il s'est même excusé de ne m'y avoir pas invité. Le lendemain, j'ai appris par des journaux à sensation que j'étais membre du Comité politique de M. Soro ! Je n'ai pas jugé nécessaire de réagir à cette sottise. Je n'ai plus de temps à perdre avec cette espèce de journalistes sous-développés. C'était une information consciemment erronée. De la mal-information et de la désinformation.

Vous êtes en ce moment aux Usa Tiburce Koffi a-t-il abandonné la Côte d'Ivoire, pour devenir citoyen américain ? Désespérance, désespoir ?


Ils sont nombreux, en Côte d'Ivoire, à avoir pris d'autres nationalités, pour des besoins divers et précis. Pour ce qui me concerne particulièrement, je suis résident permanent aux Usa, et seulement citoyen nord carolinien car nous résidons en Caroline. Ce sont mon épouse et mes enfants qui ont pris la nationalité. Je reste donc présidentiable en Côte d'Ivoire.


Lors de votre dernier séjour, à part L'intelligent d'Abidjan qui vous avait suivi, et à qui vous aviez accordé un entretien, vous aviez eu le profil bas, alors qu'on vous annonçait au Rhdp. Pourquoi ?


Là, vous vous trompez. Nombreux sont les journaux qui m'ont fait la cour pour avoir de moi une interview. C'est moi qui avais décidé de n'accorder d'interview qu'à L'Intelligent d'Abidjan. . Parce que le responsable de votre journal, Alafé Wakili, a manifesté à mon endroit de véritables marques d'amitié durant mes trois années d'exil à Paris. Appels téléphoniques, sms, emails, visites quand il était de passage à Paris, repas amical, etc., il ne m'a pas privé de ces marques d'amitié si utiles quand on vit des moments difficiles.

À contrario, nombre de ceux que je croyais être des amis, avaient affiché absents sur leur portable et emails, de peur sans doute que je les contamine. J'étais devenu pour eux un virus dangereux !

Pour ce qui est du Rhdp, pourquoi m'attendrait-on au Rhdp ? Je vous l'ai toujours dit et répété : je ne suis pas un militant de parti, et jamais je n'adhérerai aux partis politiques de la place. Mon adhésion au Rhdp ne se justifiait et ne se justifie donc pas. Car là-bas, ce sont des militants de parti.

Pendant ce temps vous avez quand même fait la paix avec le chef de l'État, artisan de votre retour dans votre pays, de votre fin d'exil ....

Oui, et je n'ai rien caché de ces choses aux Ivoiriens. C'est le Président Ouattara qui, à l'issue d'une audience qu'il m'a accordée, à Paris, m'a demandé de mettre fin à cet exil et de rentrer au pays pour me mettre à la disposition de la Côte d'Ivoire. Et j'ai obtempéré. Par respect envers la hiérarchie. Je lui réitère encore ma reconnaissance, à lui particulièrement, ainsi qu'à l'ambassadeur Charles Gomis et au ministre Bandaman qui se sont employés à faciliter les conditions de cette fin de crise entre la haute autorité et moi, et mon retour sans heurts au pays.

Le chef de l'État a tenu parole : mon salaire a été rétabli. Ma sécurité est garantie. Le reste, qui est la réhabilitation administrative, suit son cours. Rien ne presse. Et je ne suis pas le seul au pays dans ce cas. Je ne me plains donc pas. Le moment venu, il le fera. J'ai appris à attendre. Et je lui fais confiance.

Vous l'avez même rencontré à nouveau ....

Et qui vous a dit ça ?

Passons. Malgré tout cela, vous avez refusé d'adhérer au Rhdp, de le suivre dans son ?uvre de rassemblement des ivoiriens et des ivoiriennes.


Vous parlez comme un porte-parole exalté du Rdr ou du Rhdp. Je vous ai dit qu'il n'y a plus aucun nuage entre la haute autorité et moi. J'ai été reçu par tous les ministres importants de notre pays, jusqu'au Premier ministre. On s'est parlé, on s'est compris. Ces trois années d'exil m'ont ouvert les yeux sur bien de choses que je n'avais pas comprises avant, quand j'étais dans le feu de l'action, ruant dans les brancards contre les acteurs politiques de mon pays. Puis est venu le temps des épreuves : mon limogeage, les rapports conflictuels avec les dirigeants de mon pays, l'exil, la séparation d'avec ma famille, les difficultés de tous ordres. J'ai vécu tout cela comme une épreuve initiatique. Aujourd'hui, je comprends les vertus du silence.

Et je sais désormais qu'il y a des moments où je dois accepter de me taire afin de mieux observer et mieux comprendre les choses, avant d'agir. Cela s'appelle de la sagesse.

Vous restez philosophe et critique, sauf quand il s'agit de Guillaume Soro, à qui vous semblez tout pardonner ....

Non. Ce que vous dites là n'est pas exact. La vérité est que je ne parle plus. C'est tout. Et c'est un silence qui trouble et gêne. Alors vous voulez m'amener à parler. Vous avez tapé poteau comme dirait Adama Dahico. Je ne dirai rien. ... suite de l'article sur L'intelligent d'Abidjan