mercredi 6 novembre 2019 par L'intelligent d'Abidjan

Accueilli jeudi 31 octobre 2019, à son retour de la Russie par des populations qui l'ont ovationné de l'aéroport jusqu'aux Palais présidentiel, le Président guinéen, Alpha Condé, n'a pas fait de discours à son arrivée, laissant intacte la tension qui couve dans le pays depuis les manifestations de l'opposition qui lui reproche des envies d'un troisième mandat.

Juché sur un siège-avant, dans la partie décapotable de son véhicule, le poing droit levé en guise de salutation , Alpha Condé est rentré chez lui sous le coup de dix-neuf heures, après avoir été happé depuis 11 heures par la foule.
À 81 ans, le chef de l'État guinéen avait voulu, à travers cet accueil, montrer qu'il était en bonne santé et qu'il pouvait encore tenir debout alors que son pays amorce une nouvelle période de turbulences.

À Conakry, les dernières manifestations de l'opposition ont laissé des traces. Une partie de la direction du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) a en effet été interpelée la veille de la marche du 17 octobre 2019, et six personnes parmi ses leaders ont été écrouées par la justice. Ces premières condamnations ont créé un début de polémique autour de la grâce présidentielle mais aussi au sujet du nombre des victimes de la marche, l'opposition évoquant treize morts tandis que le gouvernement n'en reconnait que trois dont deux dans la commune de Ratoma, fief du leader de l'opposition Cellou Dalein Diallo, et un à Mamou, un gendarme notamment, à environ 240 km de la capitale.

Par ailleurs, les circonstances de l'enlèvement des corps des victimes continuent de préoccuper les enquêteurs. Selon l'opposition, les corps ont été enlevés par la Croix rouge Guinée qui a confirmé l'information. Une seule ambulance a contribué à l'enlèvement de quatre corps sans satisfaire aux mesures protocolaires en vigueur, en présence d'un médecin légiste pour éviter d'éventuelles manipulations. Car il y aurait eu des cas de manipulation sur des cadavres dont certains ont transité par des cliniques dont les responsables sont réputés proches de l'opposition.
Par ailleurs, des écoutes attesteraient que les responsables de la Croix rouge Guinée et des organisateurs de la marche sont entrés en contact quelques heures avant la marche, certains des échanges ayant duré plusieurs heures. En tout cas, le procureur devrait lancer son enquête dans les prochains jours. Ce qui devrait encore contraindre l'opposition à attendre alors que celle-ci commence à s'impatienter et veut enterrer ce qu'elle appelle ses morts.

Pour contraindre le chef de l'État guinéen à lâcher du leste, l'opposition a en effet choisi d'investir le front de la communication. Mais il va lui falloir attendre la fin des enquêtes qui dureront encore des mois pour enterrer les morts. ... suite de l'article sur L'intelligent d'Abidjan