jeudi 7 novembre 2019 par Abidjan.net

Au terme de la troisième audience de l'affaire Charles Blé Goudé poursuivi pour "crimes contre populations civiles et crimes contre prisonniers de guerre", le collectif de ses avocats a décidé de se déporter de cette affaire, ce mercredi 06 octobre 2019.

Selon Me N'Dri Claver, membre de ce collectif, la semaine dernière, les avocats chargés de la défense de Charles Blé Goudé ont sollicité un renvoi devant cette même chambre parce qu'ils ont estimé qu'il y avait une pièce importante qui manquaient au dossier. Pièces dont l'omission ne permettait pas d'avancer dans cette procédure. Cette pièce qui devait être mise à la disposition du collectif des avocats de défense de Charles Blé Goudé, leur a été remise seulement hier (mardi) à 12h26 min. Nous avons la décharge avec nous donc preuve à l'appui , a-t-il confirmé.

Me N'Dri Claver rappelle que le code dit qu'avant cette procédure les avocats doivent déposer leur mémoire 24h avant. Quand vous remettez une pièce à 12h26min, alors que nous sommes au Plateau et que le collectif d'avocats doit se réunir pour étudier le mémoire à produire à 15H au plus tard, il était matériellement impossible de pouvoir tenir dans le temps''. Ce pourquoi, ils disent être venus pour demander respectueusement à la chambre d'instructions de bien vouloir reporter cette procédure pour une semaine soit le mercredi prochain pour permettre aux avocats de jouer pleinement leur rôle.

Car, Nous ne sommes des enjoliveurs de l'?uvre de la justice. Nous sommes des défenseurs des droits. Nous ne venons pas dans une salle d'audience pour faire du spectacle. Nous venons pour jouer pleinement notre rôle, toutes les fois que nous voyons que la liberté des uns et des autres se trouve en vacance , a-t-il martelé.

Face à cette question de renvoi, la chambre d'instruction a estimé que l'audience pouvait se poursuivre, les avocats de la défense ont, quant à eux, trouvé cela impossible.

Aux dires de Me N'Dri Claver, étant impossible de produire un mémoire oral dans ce délai accordé par la chambre d'instruction, et comme ils semblaient ne pas nous attendre dans ce que nous avons demandé et que nous estimons légitime dans les droits de la défense, le collectif a donc décidé de se déporter de cette affaire. Nous ne sommes plus dans cette affaire pour l'heure. Nous l'avons fait connaître à la chambre , a-t-il révélé.

Selon lui, ?'s'ils veulent poursuivre la procédure comme ils veulent qu'ils la poursuivent, ?' mais c'est sans nous'', soutient-il. Les avocats de la défense n'entendent pas rester dans une salle d'audience pour donner l'impression aux justiciables, aux citoyens ivoiriens, qu'il y a des avocats qui constituent un contrepoids à cette justice, toutes les fois qu'il n'ont pas la possibilité de jouer pleinement leur rôle.
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Me N'Dri Claver indique que la pièce en question, concerne purement et simplement, le transfèrement de Charles Blé Goudé devant la Cour pénale internationale (CPI). Elle est relative à l'audience qui s ?est tenue ici dans cette même salle, le vendredi 21 mars 2014. J'y étais. Mes confrères et moi aussi. Nous avons jugé que cette pièce était importante. Pourquoi ? La réponse de Me N'Dri Claver, c'est que ?' la Côte d'Ivoire avait la possibilité de juger Blé Goudé pour les faits relatifs à la crise post électorale. La Côte d'Ivoire a décidé de le livrer, de le transférer à la CPI. Il s'y trouve et y a fait cinq ans de procédure pour un acquittement à l'heure actuelle.

?' Et comme par extraordinaire, cette même justice s'autosaisir pour se déclarer compétente. Nous avons dit que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne dans une démocratie''.

Les avocats de la défense de Blé Goudé, ont donc estimé pour l'heure qu'il ne peut pas être jugé en Côte d'Ivoire parce que les autorités ivoiriennes y compris les autorités judiciaires ont décidé de renoncer à leur devoir national au profit d'une juridiction internationale.

Alors, au moment où Charles Blé Goudé fait face à cette justice internationale, on ne peut pas sous d'autres qualifications, d'ailleurs abrogées par l'article 564 du code pénal, qui abroge les dispositions anciennes visées par le juge d'instruction, à savoir crimes contre populations civiles et crimes contre prisonniers de guerre qui n'existent plus dans notre législation, le juger ici , a fait savoir Me N'Dri Claver.

Maintenant sa position, le collectif des avocats de Blé Goudé se demande comment est ce qu'on peut continuer à poursuivre un citoyen sur la base de ces textes abrogés. Pour l'heure, Charles Blé Goudé n'a pas d'avocats dans ce dossier. Ils peuvent continuer comme ils veulent , a conclu Me N'Dri Claver.

Réunie en audience le mercredi 23 octobre 2019, la chambre d'instruction du parquet général d'Abidjan avait décidé d'accorder une semaine supplémentaire aux avocats de l'ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo. Une autre audience du 30 octobre a précédé celle de ce jour, en l'absence du prévenu toujours en résidence surveillée à La Haye, aux Pays-Bas.



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