jeudi 14 novembre 2019 par L'intelligent d'Abidjan

Après sa distinction lors de la 6ième édition de la JNCC à Abidjan où sa coopérative a été déclarée meilleure coopérative nationale au cours de la campagne 2018-2019 écoulée, nous avons rencontré Ouédraogo Mohamed, PCA de la SO.CAAN (Société coopérative agricole Adzopé nord) qui livre ici, le difficile et exaltant parcours qui l'a amené sur le podium. Il a dépeint aussi les difficultés que rencontrent les producteurs et autres acteurs de la filière café-cacao. Entretien.

Votre coopérative a été désignée meilleure coopérative nationale lors de la 6ième édition des journées nationales du cacao et du chocolat (JNCC). Comment êtes-vous arrivé à ce résultat ?

J'ai débuté comme pisteur intermédiaire dans la filière café-cacao de 1992 à 1994, à Ananguié, avec pour seul instrument de pesage, une bascule romaine. En 1994, j'ai créé ma propre société pour acheter directement le cacao aux planteurs pour le livrer à une société de négoce (DAFCI) basée au port autonome d'Abidjan. Petite structure à moyen financier très limité, je ne livrais que 10 à 30 tonnes de produits agricoles (café-cacao) à mon partenaire. Par la suite j'ai dû quitter ce partenaire au bout de trois campagnes pour me tourner vers les libanais à cause du manque de moyen financier. C'est donc finalement en 2007 que j'ai créé une coopérative dénommée SO.CAAN avec 156 planteurs du village d'Ananguié dans le département d'Adzopé. Et c'est en 2008 que nous avons eu l'agrément. Et à partir de ce moment, puisqu'en règle, j'ai commencé à travailler avec Cargill, une multinationale dans le négoce du café-cacao, à laquelle nous avons livré 600 tonnes de cacao au cours de la campagne 2008-2009. Nos problèmes de financement demeuraient comme toujours un goulot d'étranglement qui nous asphyxiait. Il faut dire aussi que c'est avec l'aide de Cargill que nous avons obtenu la certification (UTZ). Dans la même période, nous avons acquis un autre certificat dénommé ?Label Fair trade'. Aujourd'hui, ma coopérative compte 356 membres qui se partagent des ristournes à la fin de chaque exercice.

Quel le secret de votre réussite ?

Vous savez, en toute chose il faut croire en soi. Et je me suis bâti l'âme d'un gagneur. J'ai été confronté à de nombreuses difficultés à mes débuts. Mais j'ai persévéré. Dans la filière cacao, il y a la qualité des fèves qui joue beaucoup dans la performance. Mais il faut surtout être attentif aux conseils des agents du conseil café-cacao ou encore ceux prodigués par les agents d'ANADER. Ce sont des spécialistes qui donnent des conseils utiles. Et nous les avons suivis pour atteindre le sommet aujourd'hui. En un mot, c'est le travail bien fait et la confiance méritée des membres de la SO .CAAN. À chaque ouverture de campagne, nous tenons des réunions de travail avec nos coopérateurs pour leur indiquer ce que nous attendons d'eux. Cette réunion est essentiellement liée à la qualité et au taux d'humidité que nous fixons à grade 7% même si à Abidjan, il est fixé à 8%. Nous le faisons ainsi, de façon technique, pour que nous ne dépassions pas le taux d'Abidjan au moment de la vente. Je consens beaucoup de sacrifices dans la formation des producteurs, dans l'entretien des véhicules de collecte des produits pour des ramassages à temps des produits pour éviter qu'ils ne se dégradent. En gros, nous travaillons à la qualité de nos produits. Et c'est tout cela qui nous a valu plusieurs prix au régional avant d'être primé cette année comme la meilleure coopérative nationale avec 8260 tonnes de cacao et 300 tonnes de café lors de la campagne 2018-2019 achevée comme la meilleure nationale. Nous avons eu la promesse d'un véhicule de marque Hunydai, 5 millions et un don du chef de l'Etat, un trophée et d'autres choses. Mais avant cela, de 2015 à 2018, j'ai été désigné meilleure coopérative régionale (Agboville) où en 2018 on a été désigné non seulement meilleure coopérative régionale mais aussi 3ième meilleure nationale.

Lors de votre présentation au préfet, celui-ci vous a félicité pour avoir déclaré les 40 agents qui travaillent avec vous à la CNPS. Est-ce un acte de générosité ou une obligation faite aux coopératives par le Conseil café-cacao de déclarer vos agents? ... suite de l'article sur L'intelligent d'Abidjan