mardi 19 novembre 2019 par L'intelligent d'Abidjan

En politique, les alliances se font sur une double base idéologique et/ou électorale. Dans le second cas, le pragmatisme politique l'emporte sur les idées. En Côte d'ivoire, ça toujours été le cas. En 1995, le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo et le Rassemblement des républicains (RDR) de Djéni Kobina ont crée le Front républicain. Le FPI est un parti de gauche qui fait du service public et de la justice sociale, les pierres angulaires de sa politique. A l'inverse, le RDR est de la droite libérale, idolâtre de la privatisation et de la compétitivité économique. Ces deux formations politiques sont, donc, idéologiquement opposées. Cependant, elles poursuivaient le même objectif : Chasser le PDCI-RDA et Henri Konan Bédié du pouvoir par les urnes. Le coup d'Etat de 1999 et l'arrivée au pouvoir des militaires changent la donne. Le Front républicain vole en éclat. En 2005, Le PDCI-RDA et le RDR forment le Rassemblement des Houphouetistes pour Démocratie et la Paix (RHDP) avec d'autres partis politiques plus modestes. C'est une alliance idéologiquement compatible. Le PDCI est du centre-droit et le RDR de la droite. Mais, ce qui les réunit davantage est leur désir de mettre fin au pouvoir du FPI de Laurent Gbagbo. En 2010, leur rêve devient une réalité. Les contradictions internes occasionnent le départ inattendu du l'ex-parti unique. Aujourd'hui, le PDCI-RDA et Le FPI sont deux poids lourds de l'opposition ivoirienne. Les directions de deux partis ne cachent pas leur volonté de mettre sur pied une plateforme politique pour chasser Alassane Ouattara et le RHDP du pouvoir en 2020 par la voie des urnes. En politique, surtout en Côte d'ivoire, tout est possible, même l'impensable. Cependant, il existe, objectivement, des gros obstacles qui peuvent mettre à mal une alliance entre les partis de Laurent Gbagbo et de Konan Bédié.

L'obstacle historique

Le FPI est né dans les années 80 en réaction contre le parti unique qu'était le PDCI. Alors que le FPI militait pour le pluralisme politique, le PDCI vantait les mérites du monopartisme. Laurent Gbagbo doit sa renommée d'opposant historique à sa candidature contre Félix Houphouët-Boigny à la présidentielle de 1990. Le sage de Yamoussoukro n'appréciait pas du tout l'outrecuidance juvénile du démocrate de Mama. Historiquement, Gbagbo était l'antithèse d'Houphouët et il sera difficile d'effacer l'histoire récente de la mémoire des militants des deux partis politiques.

L'obstacle idéologique

Les clivages idéologiques ne sauraient être facilement sacrifiés sur l'autel du pragmatisme politique. Le front populaire ivoirien est un parti socialiste, donc de gauche. Comme son nom l'indique, sa priorité est la recherche constante de la justice sociale. La réduction des inégalités sociales par l'abolition de la politique des privilèges. Et cela passe par la politique de l'Etat providence en mettant l'accent sur les dépenses publiques. Améliorer les prestations des services publics par le renforcement quantitatif et qualitatif de leurs personnels et en facilitant leur accessibilité par la politique de la gratuité. Par contraste, le PDCI est une formation du centre-droit plus soucieuse de la compétitivité économique avec le culte de la privatisation et une méfiance vis-à-vis du service public. ... suite de l'article sur L'intelligent d'Abidjan