lundi 9 decembre 2019 par L'intelligent d'Abidjan

Que faut-il dire ? Que faut-il écrire devant la mort d'un être cher comme Charles Koffi Diby ? Comment témoigner sur cette grande figure de la politique ivoirienne, qui était certes un homme public, un homme de communication, mais avait su se protéger et rester discret, là où certains jouent de leur importance dans l'appareil d'État ?

Charles Koffi Diby n'était pas un homme de postures vaines, d'attitudes superficielles. Il était lui-même, simple, fidèle en amitié, en empathie avec les autres.
Chacun lui reconnaissait ce sens du dialogue qui lui a permis d'être un brillant ministre.
Sa dernière fonction, Président du CESEC , l'assemblée du premier mot et incarnation même d'un dialogue fécond entre tous les acteurs de la société, est le symbole même de cette culture du dialogue qui en faisait un être à part au milieu de l'effervescence de la scène politique ivoirienne.
Charles Koffi Diby, j'ai eu l'honneur de le connaître alors qu'il n'était pas encore Trésorier payeur général à Abidjan. C'était dans le cadre de la Caravane de la réussite, une caravane de l'excellence lancée avec Russel Lohoré et Charles Gba, alors collègues au Réveil Hebdo et la Nouvelle République de Yao Noël, dans les années 95-97, pour récompenser et encourager les meilleurs élèves de la Côte d'Ivoire.
En poste à Daoukro, Charles Koffi Diby avait alors accepté de parrainer notre étape dans la localité.
Plus tard lorsqu'il est nommé à Abidjan comme Trésorier payeur général , le coup d'État de Décembre 1999 suspend son parcours et l'oblige à une pause. Sa vie va alors prendre une autre trajectoire.
En 2000, il est conseiller chez le ministre Mamadou Koulibaly. Pendant quelques mois, il occupe un modeste bureau à l'immeuble Sciam. Alors que beaucoup de gens avaient arrêté de chercher à le voir puisqu'il n'avait aucun pouvoir, je reste en contact avec lui, comme des membres de sa famille et quelques autres proches.
Un jour, il me donne rendez-vous pour échanger. J'avais alors 28 ans. Au cours des échanges, Charles Koffi Diby fait savoir qu'il apprécie cette disponibilité et l'intérêt que je lui portais. Pendant des heures, il m'explique son amour pour le service de l'État. Il affirme tenir grâce à ses plantations. Il conseille d'investir dans des choses concrètes pour préparer l'avenir, avoir le moral et les moyens pour tenir dans les difficultés. Donnant son propre exemple, il assure que la vie est faite de hauts et de bas.
Ce jour là, il prit l'engagement, lorsqu'il le pourrait, de m'aider à réaliser mon rêve de faire un grand journal et de devenir un grand journaliste.
Il m'a donné cet autre conseil : n'abandonne jamais tes amis, malgré les infortunes et fortunes de la vie.
Dans la même période, il prend la tête d'un projet de restructuration d'Air Ivoire. Encouragé ensuite par Mamadou Koulibaly, mais sans trop y croire, il participe à l'appel à candidature pour diriger le Trésor public ! Comment pouvait-il y croire dans le contexte politique de la période, marqué par l'arrivée des refondateurs au pouvoir soucieux de tout refonder, face à ceux qui lui reprochaient dans les salons, le fait d'être lié au Président déchu , Henri Konan Bédié ?
Pourtant, Laurent Gbagbo et les siens ont fait le choix du pragmatisme et de l'efficacité, en nommant à des postes-clefs au Trésor, à la Douane et aux Impôts, des techniciens reconnus, des professionnels et non forcément des militants du Fpi,
C'est ainsi que Charles Koffi Diby est devenu Directeur général du Trésor. Durant plusieurs années, il donnera une visibilité accrue à l'institution. Son travail remarqué fait qu'il est ensuite nommé ministre de l'économie de des finances à la suite de Paul Antoine Bohoun Bouabré. ... suite de l'article sur L'intelligent d'Abidjan