mardi 24 decembre 2019 par RFI

Premier successeur de Félix Houphouët-Boigny, le père de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, Henri Konan Bédié que l'on surnomme le sphinx de Daoukro , a été un combattant de la première heure pour l'indépendance et un grand serviteur de l'État, adulé ou vivement critiqué. Retour sur l'ascension politique d'un homme toujours en prise avec l'avenir de son pays.

Comme en témoigne sa mère, Henri Konan Bédié est né le 5 mai 1934 un jour de pluie dans le village de Dadiékro, dans la région de Daoukro, en pays Nambê, dans le centre-est de la Côte d'Ivoire. Une terre qui servit de première étape au peuple Baoulé qui avait dû fuir la confédération Ashanti en pleine guerre de succession au XVIIIe siècle. Un exode marqué par l'histoire de la reine Pokou qui, selon la légende, sacrifia son enfant pour permettre à son peuple de traverser un fleuve et de survivre. Une histoire qui donna à ce peuple le nom de Baoulé qui signifie l'enfant est mort . Conformément à la coutume, à la naissance de Henri Konan Bédié, on lui donna un nom traditionnel et on le surnomma N'zueba , petite rivière , du nom du cours d'eau qui coulait en contrebas du village.

Dans un ouvrage autobiographique intitulé Les chemins de ma vie : entretiens avec Éric Laurent, Henri Konan Bédié raconte qu'être né un jour de pluie a eu une charge symbolique particulière : La pluie a presque toujours accompagné ma vie. Si vous allez à Daoukro ou à Yamoussoukro, les gens vous diront spontanément : "Ah le président est là, il va pleuvoir". Il y a de grandes chances que cela se produise. La dernière fois que je suis allé tenir un Conseil des ministres à Yamoussoukro, les habitants ont déclaré : "Cela fait un mois que nous n'avons pas eu de pluie. S'il vient, il va pleuvoir." Au moment même où je descendais de l'avion, les premières gouttes ont commencé à tomber et la pluie a duré toute la nuit, à la grande joie des paysans. Je ne sais pas si cela revêt une logique, mais c'est fréquent. Et de conclure : Pour l'anecdote, quand il découvrait l'Afrique et qu'il était résident général au Maroc, Lyautey avait coutume de dire : "Gouverner, c'est pleuvoir." Est-ce prémonitoire ? . ... suite de l'article sur RFI