mardi 18 fevrier 2020 par La Tribune Afrique

Filiale du groupe du tycoon ivoirien Jean Kacou Diagou, NSIA Banque Côte d'Ivoire est devenue, le 7 février dernier, la première banque de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à lancer un Fonds commun de titrisation de créances. D'un montant total de 40 milliards de Fcfa (plus de 66 millions de dollars), l'opération consiste en l'émission de 4 millions d'obligations, d'une valeur nominale de 10.000 Fcfa, avec une maturité de 5 ans pour un taux de rendement annuel de 7%. Pour La Tribune Afrique, Léonce Yacé, directeur général, revient sur l'impact d'une telle opération et livre son analyse du secteur bancaire régional.

La Tribune Afrique - Le règlement de l'UEMOA autorise la titrisation de créances depuis 2010. Mais, il aura fallu tout ce temps pour qu'une banque s'y prête. Pourquoi ?

Léonce Yacé - Il nous a fallu tout ce temps pour nous familiariser avec la titrisation de créances dont la maîtrise n'était pas encore complètement démontrée sur notre marché financier. Au plan communautaire, un cadre réglementaire juridique a été défini, permettant de mettre en place les règles applicables à ce type d'opération. Il appartient ensuite à tout acteur intéressé de se familiariser avec ce cadre juridique, d'en identifier les avantages et éventuellement les limites, de trouver des équipes outillées et compétentes en interne pour pouvoir mettre en place les mécanismes nécessaires à la réalisation des opérations de titrisation.

En ce qui concerne le secteur bancaire, NSIA se réjouit d'être le premier acteur à avoir recours à ce type d'opération de financement. Et maintenant que c'est chose faite, on peut s'attendre à voir des opérations de titrisation de créances se réaliser plus souvent sur le marché financier.

Cette opération servira à répondre notamment à la permanente demande de crédits des PME ...

D'emblée, j'aimerais préciser que l'opération de titrisation bénéficie à la fois aux banques, aux investisseurs et aux PME. Elle est intéressante pour la banque, car elle lui permet d'alléger son bilan, de piloter ses ratios prudentiels et sa consommation de fonds propres liés à l'activité de crédit. Ce type d'opération permet également à la banque de faire appel à l'épargne publique, donc de se refinancer par un recours au marché financier. Un établissement a donc plutôt intérêt à se donner la possibilité de réaliser des opérations de titrisation, parce qu'il utilise son portefeuille de crédits comme un instrument qui lui permet de gérer plusieurs aspects de son activité.

C'est une opération intéressante aussi pour les investisseurs parce qu'elle leur assure un rendement intéressant sur une période plutôt raisonnable. On parle d'une maturité de cinq ans avec un placement plutôt sécurisé. Cela permet aux investisseurs d'assurer la diversification de leurs placements. L'investisseur qui a le souci de poursuivre ses placements, mais avec de la diversification, trouve dans la titrisation un instrument adapté.

Enfin, la titrisation de créances est intéressante pour les PME parce que les fonds levés par les établissements bancaires peuvent être utilisés pour octroyer du crédit aux PME locales à des conditions intéressantes. Donc ce type d'opération permet à la banque de se refinancer et de poursuivre son activité de prêts pour aider les PME. Mais pour bien aider les PME, il n'y a pas que cela. Il y a le recours aux mécanismes de garantie de portefeuilles qui nous permettent de sécuriser les prêts que nous octroyons aux PME.

Quand on sait que dans nos zones les PME souffrent souvent de l'incapacité à fournir des garanties, le fait de disposer des garanties de portefeuille permet de résoudre une grande partie des problèmes d'accès au financement auxquels sont confrontées les PME. ... suite de l'article sur Autre presse

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