vendredi 14 aout 2020 par Afrique Magazine

Depuis deux ans, l'Ivoirienne dirige avec succès Abidjan Terminal, exploité par le groupe français Bolloré. Son dernier défi : faire face à la crise de Covid-19 tout en modernisant le système de paiement et d'échanges avec les douanes, propos recueillis par Emmanuelle Pontié.

AM : Comment une femme parvient-elle à s'imposer dans un tel monde d'hommes ?

Asta Rosa Cissé : La fonction de directeur général d'Abidjan Terminal requiert des compétences de leadership, de rigueur et de performance. J'ai la chance d 'avoir le soutien d'une équipe compétente et soudée qui m'accompagne au quotidien. L'égalité des chances et la culture de la diversité font partie de l'ADN du groupe Bolloré. À ce jour, de plus en plus de femmes occupent des postes stratégiques. Pour ma part, la complémentarité est essentielle dans toute entreprise. Dès lors, dans la conduite des affaires, j 'apporte une perspective féminine qui représente une forte valeur ajoutée et permet de conjuguer les efforts et synthétiser les points de vue.

Quel impact a eu la crise de Covid-19 sur votre activité ?

La Covid-19 n'a quasiment pas affecté les volumes des trois premiers mois d'activité du terminal, avec une hausse de 6% par rapport à 2019. L'effet s'est plutôt fait ressentir sur les mois d'avril et de mai avec un marché paralysé en raison de la fermeture des frontières, des mesures de confinement dans les grands pays importateurs (Inde, Vietnam, etc.) ; et des difficultés d'acheminement des produits à l'export notamment le cajou et le coton depuis les zones de production à Abidjan.

Au sein de notre organisation, nos équipes ont continué à travailler 7 jours sur 7 pendant le confinement pour assurer la continuité de la chaîne logistique. Notre activité étant une délégation de service public, il était essentiel de faire preuve de la plus grande flexibilité, afin de limiter les conséquences socio-économiques de la crise sanitaire.

Comment avez-vous fait face au plan sanitaire, avec 3500 emplois directs et indirects et près de 100000 emplois induits ?

Pour une structure de ce niveau, tout l'enjeu consiste à gérer les difficultés liées à la crise sanitaire tout en garantissant la sécurité de tous les employés. Nous avons la chance d'appartenir à un grand groupe qui a su capitaliser sur sa présence en Asie (premier continent foyer de Covid-19) Tous et sur son expérience dans la gestion de crises sanitaires de type Ebola en Afrique pour appréhender cette nouvelle épidémie. Abidjan Terminal, filiale de Bolloré Ports, a su anticiper les mesures à prendre dès le mois de janvier en déclenchant en coordination avec l 'Autorité Portuaire son plan de continuité des activités (PCA), bien avant l'apparition du premier cas Covid-19 en Côte d'ivoire. Pour protéger le personnel et l'ensemble des usagers du terminal, nous avons mis en place des mesures visant notamment à sensibiliser le personnel sur la bonne application des gestes barrières, fournir à nos agents et à leurs familles respectives des masques de protection en quantités suffisantes, mettre en place le télétravail et réorganiser les horaires de travail en plusieurs shifts pour les équipes sur le terrain.

Où en est votre activité et comment vous projetez-vous sur l'avenir ?

L'heure est à la reprise. Les volumes à l'export du mois de juin 2020 affichent une forte progression par rapport à 2019 sur les principales commodités (cacao, cajou, banane, etc.). A l'import, la résilience de l'économie nationale rassure et les volumes affichent des taux de croissance positifs similaires à ceux du premier trimestre 2020.
Vous mettez en place des systèmes de dématérialisation pour le paiement, les échanges avec les douanes, etc. Pouvez-vous en dire plus ?

L'ensemble de nos projets de dématérialisation s'inscrivent dans la dynamique de reprise actuelle. Notre but est de gagner des points additionnels de productivité et d'accroître la célérité de nos opérations.

D'ailleurs, la crise sanitaire nous a démontré la nécessité de limiter les interactions physiques dans notre activité. Notre projet d'échanges de données informatisées (EDI) avec la Douane pour la mise en place d'un guichet unique portuaire s'intègre dans cette démarche. Elle aura pour bénéfice d'accélérer les procédures douanières et d'augmenter considérablement les opérations d'import et d'export de conteneurs. La solution de paiement en ligne, deuxième projet sur lequel nous travaillons, sera lancée au mois de septembre 2020.

Quels sont les projets pour Abidjan Terminal (ATL) à plus long terme ?

Le défi permanent d'ATL est de favoriser la fluidité portuaire au bénéfice des usagers, de l'économie ivoirienne dans son ensemble et de la sous-région. Nos projets à moyen terme visent à désengorger la zone portuaire et à améliorer les flux à l'import et l 'export.

A titre d'exemple, ATL envisage de mettre en place un outil d'optimisation des flux camions entrants et sortants, nous permettant de limiter les engorgements dans l'enceinte portuaire. Au-delà, notre ambition est de développer et d'accroître l'orientation client d'Abidjan Terminal afin d'apporter des solutions adaptées aux problématiques de chaque industrie. Cela se fera notamment à travers la mise en place d'un nouvel outil CRM (Customer Relationship Management) propre à l'environnement portuaire.

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