mercredi 2 septembre 2020 par AIP

A l'occasion d'une interview accordée à l'AIP, le jeudi 27 août 2020, la rappeuse ivoirienne, Nash, de son vrai nom Natacha Flora Sonhoué, ambassadrice nationale de l'Unicef en Côte d'Ivoire, a présenté ses actions en faveur des enfants dans la rue en cette période de pandémie du coronavirus, tout en invitant une mobilisation autour d'eux afin de les aider à s'en sortir.

AIP : En quoi consiste votre mission en tant qu'ambassadrice de l'Unicef ?

Nash : Je milite pour la cause des enfants et ma particularité, c'est plus les enfants dans la rue et de façon générale, les enfants en situation de vulnérabilité, et ceux qui sont dans les quartiers populaires. On parle aussi des droits des enfants, stop à la violence faite aux enfants, aux jeunes filles et nous faisons un plaidoyer auprès des autorités et des ministères afin que les conditions des enfants s'améliorent. Faire en sorte que les enfants aient accès à l'éducation, à l'eau potable et à la nourriture saine comme tout bon enfant.

AIP : Quelle était la situation de ces enfants pendant la COVID-19 ?

Nash : Pendant la COVID-19, les enfants étaient beaucoup exposés, ils dormaient dans la rue. Quand il y a eu le couvre-feu, c'était vraiment difficile parce que souvent les policiers les raflaient. Vraiment, c'était difficile pour les enfants. Et on a essayé de réagir, prendre nos responsabilités en essayant de les aider. Le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfant a dépêché une équipe pour sillonner la rue pour recueillir ces enfants. Des ONG et l'Unicef ont contribué aussi à rechercher ces enfants et à les recueillir.

J'ai donc eu à lancer un message de sensibilisation à l'endroit des enfants. Plus d'une cinquantaine d'enfants ont été recueillis et mis dans les centres dans les quartiers d'Adjamé, Abobo et Faya. Et l'Unicef a fait des dons en vivres et matériels d'hygiène notamment des cache-nez. Les enfants étaient heureux. Et on les a sensibilisés sur la COVID-19, notamment le port du masque et le lavage des mains.

AIP : Est-ce que d'autres actions ont été menées en faveur de ces enfants ?

Nash : Avant la pandémie, nous avons effectué des visites dans les centres sociaux, nous avons fait un arbre de Noël pour les enfants dans la rue, la distribution de nourriture, on a fait un plaidoyer auprès de l'Unicef pour les insérer dans les centres sociaux et permettre à ses enfants d'être dans un environnement social adéquat. J'ai même adopté des enfants qui vivent avec moi en famille. On effectue aussi une visite dans les centres et on fait également le recensement de ces enfants.

Nous rencontrons les enfants, les jeunes de la rue pour échanger avec eux et plaider en leur faveur auprès de l'Unicef. Nous avons organisé un festival de Rap à l'intérieur du pays pour voir d'autre enfants, voir d'autres centres d'accueil. Nous sommes allés à Dodoupho, à Sassandra, et Abidjan à Yopougon et à Adjamé.

AIP : Qu'en est-il des jeunes filles ?

Nash : Il y a des jeunes filles mères qui dorment dans la rue avec leurs enfants et même des jeunes filles mères aussi qui n'ont pas les moyens, qui ne savent pas comment s'en sortir et qui sont abandonnées. Nous avons fait un travail auprès d'elles pour qu'elles puissent être soutenues de temps en temps.

Avec mon ONG Siansson, on a réuni les jeunes filles dans la rue, pour leur offrir des nattes, des vivres, du savon et des caches-nez, des seaux et les sensibiliser sur le COVID-19. On leur a permis d'avoir le minimum pour se coucher même si elles sont encore dans la rue. Nous avons échangé avec elles pour d'éventuelles solutions afin qu'elles sortent de là. C'est tout un processus, les choses ne peuvent pas se faire du jour au lendemain.

AIP : Comment le soutien auprès de ces jeunes filles se fait-il, matériellement ou financièrement ?

Nash : Oui matériellement quelques fois, parce que quand on dit financièrement, on ne peut pas donner de l'argent comme ça, parce que ça serait ne pas les aider véritablement. Moi par contre, je donne mon exemple, je leur donne des vivres et de petits dons pour les aider. Mais le plus important c'est comment faire pour les aider à sortir de là. Et c'est ce travail qu'on est en train de faire. On a rencontré l'Unicef pour des mesures d'accompagnement. Celles qui veulent rentrer en famille, on effectue des démarches à ce niveau. On les suit jusqu'à ce qu'elles puissent s'en sortir. Comment les enlever de là et les réinsérer dans la société pour qu'elles gardent l'espoir, c'est notre préoccupation.

AIP : Recevez-vous un soutien de la part d'organismes internationaux ou de l'Etat ?

Nash : Je fais les choses avec mon ONG et l'Unicef nous accompagne dans ce sens. Voilà! Quand je veux faire quelque chose que je suis coincée, je fais recours à l'Unicef, de toute les façons c'est mon rôle. L'Unicef nous accompagne et on va sur le terrain. Par contre, quand je faisais des activités sur les enfants dans la rue pendant que le virus circulait, des personnes, des volontaires, des jeunes filles et des personnes qui ont voulu garder l'anonymat m'ont envoyé des "Orange money". C'est quelque chose qui m'a beaucoup touché. Il y a eu un élan de solidarité pas possible et ça, je profite de votre micro pour dire vraiment merci à ces personnes pour le soutien. Vraiment, les enfants qui ont reçu le soutien étaient dans la joie et le bonheur.

AIP : Quels sont vos projets dans le cadre des activités de votre ONG ?

Mon ONG s'occupe des personnes vulnérables, les personnes des quartiers défavorisés, des personnes dans le besoin. On est en train de voir comment les réinsérer pour qu'elles puissent continuer l'activité en dehors du centre et puis si un jour les familles veulent les récupérer, ça me convient. Bientôt on va communiquer sur toutes les actions qu'on a fait.

Donc on est en train de travailler. Il y a un gros projet en vue avec mon ONG mais je ne veux pas pour le moment parler de cela. Nous menons beaucoup d'actions. On fait beaucoup d'actions aussi avec l'appui de l'Unicef.

Que les gens continuent de nous aider, de nous soutenir. Ce que chacun peut faire à son niveau, qu'il le fasse. Tout le monde peut être ambassadeur quelque part, tout le monde est champion pour les enfants quelque part. Que chacun se lève et fasse quelque chose, il ne faut pas qu'on voit le titre d'ambassadeur comme quelqu'un qui est salarié. Non, c'est volontaire, c'est le c?ur, c'est l'amour, c'est l'envie de sortir l'autre de la rue, l'autre de ses difficultés.

(Interview réalisée par Philomène Kouamé)

(AIP)

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