mardi 8 septembre 2020 par lepoint.fr

ENTRETIEN. La perspective de la présidentielle du 31 octobre fait monter la tension en Côte d'Ivoire. Depuis La Haye, Charles Blé Goudé s'est confié au Point Afrique . Propos recueillis par notre envoyée spéciale à La Haye, Viviane Forson

16 h 45, dans le quartier chic de la Gare centrale de La Haye. Onzième étage du building hypermoderne fait de verres, l'ambiance est euphorique. Une dizaine de personnes, des femmes, des hommes, s'agitent autour de celui qu'ils appellent tous le leader . L'atmosphère est détendue, les poignées de main et les accolades chaleureuses, quelques blagues fusent.

Le sourire franc, la poignée de main aussi ferme que chaleureuse, Charles Blé Goudé, 48 ans, arrive droit sur nous, sanglé dans un costume bleu foncé taillé sur mesure. L'homme, de taille moyenne, possède ce mélange d'espièglerie et de désinvolture des esprits libres, de ceux qui n'ont rien à prouver, à part peut-être à eux-mêmes. Celui qu'on a longtemps surnommé le général de la rue n'a rien perdu ni de sa verve ni de son charisme. Il n'est candidat à rien, ne harangue plus les foules, et pourtant Blé Goudé, qui a vécu plus de vies qu'une main compte de doigts, continue d'occuper une place à part dans la vie politique ivoirienne. Depuis son acquittement de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) en janvier 2019, l'ex-ministre de la Jeunesse et compagnon d'infortune de Laurent Gbagbo n'a toujours pas réussi à quitter les Pays-Bas. Il y a dix ans, son pays vivait l'une des plus graves crises post-électorales de son histoire, née du refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara. De nombreux observateurs, des ONG estiment que Blé Goudé a été l'un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d'Ivoire dans la décennie 2000, qui a culminé en 2010-2011 avec des violences post-électorales ayant fait plus de 3 000 morts. Aujourd'hui, le même scénario est-il en train de se dessiner ? Dans l'attente d'un éventuel procès en appel, Blé Goudé, qui loue un appartement non loin de la prison de Scheveningen où il a passé six ans, veut partager son expérience dans un langage sans détour, fidèle à lui-même. Il s'est confié au Point Afrique. ... suite de l'article sur Autre presse