lundi 9 novembre 2020 par L'intelligent d'Abidjan

Dans l'esprit d'Alassane Ouattara, sa réélection ne prépare-t-elle pas un profond bouleversement de la scène politique ivoirienne en étant le dernier épisode de la présence au pouvoir depuis des décennies de sa génération ?
Depuis 1993, la distribution du pouvoir politique s'est faite, entre les mêmes acteurs : Bédié, 86 ans (Pdci), Gbagbo, 76 ans (Fpi), Ouattara, 78 ans (Rdr, puis Rhdp). En 2020, ces trois figures occupent toujours le devant de la scène politique ivoirienne. Incontournables, ils personnifient le pouvoir et incarnent dans leur parti, pour des raisons multiples, la figure du chef. Après la brutale disparition d'Amadou Gon Coulibaly, la candidature d'Alassane Ouattara est apparue comme une évidence pour le Rhdp ; Bédié a été plébiscité par le Pdci-Rda. Au Fpi, la situation est moins confortable pour Pascal Affi N'Guessan, qui s'est épuisé, depuis des années, à se battre contre un FPI resté fidèle à Laurent Gbagbo. Interdit de légitimité par la figure tutélaire de Gbagbo, Affi s'est radicalisé, ce qu'il ne souhaitait probablement pas.
L'opposition voit dans la réélection d'Alassane Ouattara une confiscation du pouvoir par un homme. Cette réélection ouvre en réalité, pour la scène politique ivoirienne, le champ d'une profonde transformation. Alassane Ouattara voudra mettre à profit ce mandat pour préparer l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle génération, ce que vient de refuser, par avance, Laurent Gbagbo et, implicitement, Henri Konan Bédié, qui n'avait pas voulu l'organisation de primaires ouvertes au sein de la coalition du Rhdp. Monsieur Henri Konan Bédié, à 86 ans, voulait être ce candidat unique en 2020. Transférer le pouvoir à une jeune génération , est une idée qui ne quitte pas Ouattara. Il voudra probablement réintroduire dans la constitution une limite d'âge à 75 ans pour être candidat à la présidentielle.

Le contenu du nouveau mandat d'Alassane Ouattara

La question n'est pas celle des grandes orientations des politiques publiques au cours de ce mandat, ces orientations sont connues.

1) Au plan économique - Ouattara voudra poursuivre sur la voie de la consolidation de l'économie. Un nouveau chantier s'ouvre à lui : infléchir la dépendance de la croissance ivoirienne à la commande publique en accélérant le développement d'un secteur privé capable de prendre le relais de l'Etat investisseur, créer des champions nationaux et des emplois. Autre défi de taille : délocaliser le développement, Abidjan concentrant l'essentiel des richesses que produit le pays.

2) Au plan social ? La réussite économique permet d'aller vers une croissance plus inclusive avec, comme objectifs, la réduction de la pauvreté, l'augmentation du pouvoir d'achat, et l'amélioration des conditions de vie. Pour Ouattara, la promesse de 2011, qui a été de faire de la Côte d'Ivoire un pays émergent, ne se limite pas à l'économie, elle inclut la mise en ?uvre des politiques sociales qui vont permettre l'accès aux services de base pour tous les Ivoiriens.

3) Au plan politique ? Le retour à la stabilité politique a été l'un des acquis de la décennie Ouattara. La présidentielle de 2020 a montré combien cette stabilité reste menacée. Si les divisions réapparaissent au moment des élections, est-ce par la faute des Ivoiriens ou celle de certains politiciens qui les réactivent ? Plus d'une centaine de discours de haine ont été relayés sur les réseaux sociaux par des groupes, des pages et des profils.

4) Au plan de la réconciliation nationale ? Ouattara a construit une première étape indispensable dans la marche vers la réconciliation et une paix durable en retrouvant, de 2011 à 2019, le chemin d'une croissance forte et durable. La réussite économique permet de promouvoir le produire et consommer ensemble , un des éléments du vivre ensemble . Il reste à réactiver les instances de dialogue au plan national et localement.

Conserver l'unité du Rhdp
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