par L'Inter
Dans un entretien accordé à Radio france internationale (Rfi), 72h après le congrès extraordinaire du Pdci-Rda, l'ancien ministre d'État, Essy Amara rompt le silence sur sa candidature pour les prochaines élections présidentielles et exprime ses appréhensions sur l'appel de Daoukro.
Essy Amara bonjour! Qu'est-ce qui vous a poussé à vous porter candidat à la candidature?
J'avais été sollicité par beaucoup de militants qui m'ont demandé d'être candidat à la candidature puisque le congrès avait décidé que le Pdci aura un candidat. Une convention devait choisir le candidat idéal. J'ai été approché par beaucoup de militants, même des personnalités que je connais depuis longtemps, qui m'ont dit que j'avais le profil idéal pour être candidat à la candidature. Sur-le-coup, je n'avais pas accordé une telle importance, parce que vous savez, je fréquente la vie politique ivoirienne depuis très longtemps. Je connais les contraintes de la présidence, et vraiment je ne l'envisageais pas d'autant plus que j'étais très occupé sur le plan extérieur. Je me suis dis qu'il faut quand même que je m'implique dans ces problèmes, parce que, en définitive, toute ma vie, j'ai fais le règlement des conflits, et pourquoi pas... Voilà un peu l'une des motivations de ma candidature.
Les partisans de l'appel de Daoukro brandissent comme argument, justement, qu'en matière de conflits, ce ralliement du Pdci au Rdr permettrait d'assurer une certaine stabilité, une certaine paix dans le pays pour les cinq prochaines années à venir. Est-ce que vous partagez cet avis?
Écoutez, je ne peux pas les contrarier. Tout le monde veut la paix. Même tous les candidats que nous sommes, chacun veut la paix. Mais, ça dépend! Sous quel angle on la voit (cette paix, ndlr)? Chacun à ses indications, ses informations. Ceux de Daoukro, ce que je leur reproche, c'est la légèreté avec laquelle ils ont entamé ce processus. Le Pdci est un parti organisé, du moins était organisé, et rien ne se faisait au hasard. En fait, j'ai de la peine qu'on en arrive là. On aurait pu trouver une solution à tous ces problèmes, parce qu'on avait le même objectif. Si c'est la paix, la cohésion sociale, c'était facile de voir comment est-ce qu'on pouvait harmoniser nos positions pour ne pas en arriver là. Malheureusement, les choses on été faites d'une façon désordonnée, je dirais irrationnelle. Je ne peux pas comprendre comment un congrès de parti peut prendre une décision pour des gens qui sont quand même des sages, des gens qui connaissent le parti, des gens qui ont une expérience ; ils prennent une décision après une prospective serrée pour dire qu'il faut que le Pdci ait un candidat en 2015, et qu'une convention allait bientôt se réunir pour choisir le candidat, puis brusquement on se lève comme ça et ont dit: Ah non, on s'est trompé, il faut tout remettre à plat. On mobilise des militants, des missions à droite à gauche, on dépense des sommes considérables, pour quoi? Pour en arriver là! Je crois que c'est minable. Je dis ça avec beaucoup de peine, parce que ça n'en valait pas la peine.
Vous avez rencontré le président Henri Konan Bédié à votre retour en Côte d'Ivoire, récemment. Qu'est-ce que vous vous êtes dit lui ? Est-ce que vous lui avez dit votre façon de penser, et est-ce qu'il vous a expliqué pourquoi il a lancé cet appel ?
Oui, on a eu à discuter de la situation. Je lui ai dit, plus ou moins, les raisons pour lesquelles je suis candidat. Il m'a aussi dit les raisons pour lesquelles il a fait cet appel de Daoukro. Donc, en fin de compte, chacun a exposé sa position.
Etait-ce tendu, compliqué?
Non, non! Ce n'était pas tendu. Vous savez, on se connaît depuis très longtemps, on a beaucoup de choses en commun. Non, c'était très convivial.
Lorsque vous lui dites que cet appel est contraire aux résolutions du 12ème congrès, quand vous essayez de le mettre en face de ces contradictions, qu'est-ce qu'il vous répond?
Non, écoutez, je ne suis pas rentré dans ce genre de débat, parce que je le connais. Bon, je ne suis pas parti pour le convaincre de revenir sur une décision. C'est un chef d'État. Un chef d'État a quand même des positions, et donc je respecte ses positions. En fin de compte, je crois qu'il a compris mes motivations, j'ai compris les siennes. On s'est séparés en de bons termes. Ce n'était pas avec lui qu'il fallait vraiment ouvrir ce débat. Il était, pour moi, impensable que j'aille le convaincre de revenir sur sa décision. Non, ce n'est pas possible!
Essy Amara, le passage de relais entre le Rdr et le Pdci à l'horizon 2020, comme c'est promis ou envisagé, vous y croyez ou vous n'y croyez pas du tout?
Beh, moi, je n'y crois pas du tout ! Houphouët disait que la politique, c'est la saine appréciation des réalités. Les réalités en 2020 ne seront pas celles d'aujourd'hui. Les acteurs politiques peuvent se séparer, être des ennemis, donc vraiment, je ne pense pas qu'en 2020, les jeunes du Rdr qui sont très actifs dans le business, dans tout, vont en 2020 appeler les gens: bon, écoutez, venez prendre la place, nous on se met à côté. Vraiment, c'est impensable! Bon, on peut faire toutes les spéculations possibles, mais c'est illusoire. ... suite de l'article sur L'Inter