vendredi 20 novembre 2020 par Jeune Afrique

Restitution du patrimoine africain, fin du franc CFA, lutte contre le terrorisme, relations entre la France et l'Afrique : le Président de la République a répondu aux questions de Benjamin Roger et de Marwane Ben Yahmed pour Jeune Afrique.


Comme vos prédécesseurs, vous avez annoncé vouloir refonder les relations entre la France et l'Afrique. Près de trois ans après le discours que vous avez prononcé à Ouagadougou, qu'est-ce qui a concrètement changé ?
J'ai lancé plusieurs chantiers. Le premier était un tabou : la restitution du patrimoine africain. Nous avons fait des gestes très concrets à l'égard du Sénégal, du Bénin ou de Madagascar notamment.

Mais surtout un texte de loi qui, pour la première fois, permet non pas simplement de transférer momentanément une ?uvre mais de la restituer, et cela grâce au travail intellectuel, artistique et politique profond demandé à Bénédicte Savoye et Felwine Sarr. Les générations contemporaines africaines ont besoin de comprendre, de toucher, de posséder leur histoire, de se la réapproprier. Le rapport Sarr-Savoye a été extrêmement ambitieux, et il a ouvert beaucoup de débats partout en Europe et dans le monde. Ils ont fait un travail remarquable, qui nous a permis d'avancer.

Le deuxième était la fin du franc CFA. Cette réforme importante, conclue par un accord signé lors de mon dernier voyage en Côte d'Ivoire, met fin à un marqueur très symbolique qui alimentait beaucoup de fantasmes et de critiques. Nous voulons également impulser une nouvelle dynamique dans la relation économique qui unit la France et le continent, à travers la plateforme Digital Africa, mais aussi grâce au sommet des financements pour l'Afrique que nous organiserons en mai, à Paris.

Voilà quelques exemples très concrets de mesures inédites, de tabous de la relation entre la France et le continent africain que nous avons levés, qu'ils soient mémoriels, économiques, culturels, entreprenariaux. Ils incarnent ce que nous souhaitons mettre en place : une relation équitable et un véritable partenariat. La saison Africa 2020, portée avec talent par la commissaire générale N'Goné Fall, en est sans doute le meilleur exemple.

Nous avons en parallèle procédé à un changement de méthode. Le discours de Ouaga a été largement conçu par le Conseil présidentiel pour l'Afrique, qui regroupe des gens aux profils très différents. Nous avons aussi mené tout un travail avec les diasporas et nous sommes allés dans des pays qu'aucun président français n'avait visités. Notre diplomatie n'a pas été cantonnée à l'Afrique francophone. ... suite de l'article sur Jeune Afrique