lundi 5 juillet 2021 par Le Banco.net

Qui sont ?elles, d'où viennent ?elles, que veulent-elles ?

Elles ont décidé de faire de la devanture de certains magasins de l'avenue 8 dans la commune de Treichville leur lieu d'habitation. En dépit de l'inadaptation du cadre et des risques de toutes sortes liés à leur installation à ces endroits, des femmes dont certaines sont accompagnées d'enfants, ont tout de même fait le choix de squatter la devanture de ces magasins commerciaux. Au péril de leur vie.

Qui sont ces femmes ? D'où viennent-elles ? Comment sont-elles arrivées là ? Comment subviennent-elles à leurs besoins ? Comment sont-elles organisées ? Curieux de connaitre la réponse à ces questions autant qu'à bien d'autres, nous avons été amenés à passer du temps avec ces dernières. Incursion dans l'antre de ces femmes, qui vivent à la merci des agressions, et des intempéries.

Elle est à n'en point douter l'une des plus célèbres avenues de la mythique commune de Treichville. Une des principales caractéristiques de l'avenue 8, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est qu'elle regorge de plusieurs magasins. Proposant des services aussi variés que divers. C'est la façade de certains de ces magasins que des femmes, certaines accompagnées de leurs enfants, ont choisi d'occuper pour en faire leur logement. Le mercredi 21 avril 2021, il est 17 heures 15 minutes quand nous arrivons devant certains de ces magasins. Au nombre desquels ceux qui sont dénommés ?'Vente matelas mousse chez Jacques'', et ?'ECOTECH''. Les deux magasins ont déjà fermé. En cette période de jeûne musulman, les commerçants, pratiquant majoritairement cette religion, rentrent plus tôt que d'ordinaire pour la rupture du jeûne. Des femmes et des enfants, assis sur des nattes, ou des morceaux de pagnes, ont déjà pris place au seuil desdits magasins. Ceux-ci sont du côté opposé à la grande Mosquée de l'avenue 8 (plus connue sous le nom de grande Mosquée Dioula). Dans le prolongement de la mosquée juste après un magasin de vente de tapis de prières, de moquettes, de matelas, de chaises en caoutchouc, et autres, un autre groupe de femmes et des enfants aux mêmes allures que les précédentes occupent la devanture d'un magasin abandonné. Visiblement, celles-ci sont plus nombreuses. On s'achemine allégrement vers l'heure marquant la fin de cette journée de pénitence. Il y a d'incessants déplacements dans la périphérie de la mosquée. Certains vont acheter des jus de fruits auprès des vendeuses venues nombreuses avec de petites bassines posées sur la tête, contenant les breuvages en question. Une dame vendant des pâtes de haricots frits a choisi de s'installer en face de la mosquée. Un choix qui apparemment lui porte chance. Puisqu'au moment de notre passage, elle est débordée par la clientèle. C'est dans cette ambiance qu'est arrivé un couple à bord d'une grosse cylindrée noire SUV. Qui a garé au niveau des femmes se trouvant devant le magasin abandonné. Vêtue d'un boubou en dentelle de couleur bleue ciel, une dame descend du véhicule. Elle se dirige vers le coffre, l'ouvre, en sort des ?'take away'' contenant des plats de riz recouvert de sauce aubergine. Et des morceaux de viande de b?uf, emballés dans des sachets plastiques noirs. Elle a à peine commencé à distribuer les emballages, qu'elle est prise d'assaut par les nombreuses femmes du coin, venues en courant. La majorité de celles qui étaient occupées, abandonnent aussitôt ce qu'elles faisaient pour aller bénéficier des vivres que distribuaient cette âme généreuse. Apparemment, la donatrice semblait être bien connue de ces sans abris. En l'espace de quelques minutes, le sac dans lequel se trouvaient les ?'take away'' a été ainsi vidé. La donatrice visiblement heureuse, dit au revoir aux femmes d'un signe de la main, remonte à bord du véhicule. Qui démarre aussitôt. Les bénéficiaires retournent le sourire aux lèvres. Non sans avoir pris la peine de remercier leur bienfaitrice, en la couvrant de bénédictions.

Munies de leurs paquets, ces femmes se remettent à leurs occupations. En déposant les sachets à côtés de leurs bagages, posés à même le sol. Pour éviter que les enfants ne les piétinent. C'est ce moment que nous choisissons pour les approcher. Jugeant notre présence suspecte, elles refusent dans un premier temps de nous écouter. Bien que nous ayons décliné notre identité, et expliqué les raisons de notre présence, elles sont réticentes à nous recevoir. Il a fallu la médiation pour ne pas dire le tact de deux jeunes. Des cambistes ambulants qui échangent toutes sortes de monnaies dans le coin, pour les convaincre de nous recevoir. Elles finissent par accepter après avoir pendant quelques minutes échangé entre elles. ... suite de l'article sur Le Banco.net