mardi 26 avril 2022 par APA

La Côte d'Ivoire expérimente l'enseignement bilingue dans 37 écoles avec 10 langues locales, a dit lundi à  Abidjan le ministre ivoirien de l'éducation nationale et de l'alphabétisation, Mariatou Koné, lors d'un symposium sur l'éducation par l'enseignement bilingue. 

"Le ministà¨re de l'éducation nationale et de l'alphabétisation expérimente l'enseignement bilingue dans 37 écoles dont 22 pour le projet école intégrée (PEI) et 15 pour l'initiative élan Afrique Côte d'Ivoire avec dix langues" locales, a dit Mme Mariatou Koné.

Le professeur Mariatou Koné a fait observer que ces dix langues, "représentatives des quatre grands groupes linguistiques comme médium des enseignements", sont "Agni; Akyé; Abidji; Baoulé; Senoufo; Koulango; Yacouba; Toura; Dioula; Bété". 

"La Côte d'Ivoire doit poursuivre cet élan au nom de la Culture", a-t-elle déclaré, espérant qu'"à  l'issue de ce symposium, comme résultats attendus, dans une perspective concertée, que les expériences des uns permettent aux autres d'améliorer leur modà¨le".

"Nous sommes engagés et nous sommes déterminés pour l'initiative à  propos des langues nationales, parce que l'enfant ivoirien peut et doit avoir les pieds dans la tradition et la tête dans le modernisme", a assuré Mme Mariatou Koné. 

Elle a salué la participation à  ce symposium du président de la Chambre des rois et chefs traditionnels, Sa majesté Nanan Amon Tanoé, dont la présence traduit l'engagement des têtes couronnées pour cet "important projet".

Sa Majesté Amon Tanoé s'est félicité de ce symposium, dont le "thà¨me est si précieux pour toute la chefferie traditionnelle", avant d'ajouter "nous, c'est dans nos langues maternelles que nous communiquons avec toutes les populations".

"C'est avec beaucoup de désolation, naturellement que nous voyons nos langues mourir, petit à  petit, emportant avec elle notre culture et ce qu'elle renferme de plus précieux, sa valeur. Aujourd'hui, nous sommes en train de perdre nos sources et nos souches", a-t-il dit. 

De ce fait, "aujourd'hui, notre jeunesse est déstabilisée, parce que ce qui l'emporte surtout aujourd'hui, c'est l'acquisition des connaissances modernes, mais au-delà , nous ne devons pas oublier ce qui fait l'homme, sa culture qui renferme la langue", a-t-il poursuivi.  

Mme Mona Laroussi, directrice de l'Institut de la Francophonie pour l'éducation et la formation (IFEF), a relevé que des pays ont fait le pari d'utiliser les langues nationales comme médium d'enseignement aux câtés du Français pour faciliter l'acquisition de compétences (lecture, écriture et le calcul).

L'IFEF accompagne les pays à  travers le Programme élan depuis 12 ans. Les expérimentations d'enseignement bilingue soutenues par l'organisation ont été évaluées et ont démontré leur efficacité.

"Il a été constaté que les élà¨ves des classes bilingues, avaient de meilleurs résultats en lecture, écriture, en langue nationale, en Français au début de la scolarité primaire que leurs camarades en classe monolingue", a-t-elle fait remarquer. 

Au Burkina Faso, par exemple, la durée de la scolarité du cycle primaire a été raccourci d'une année, passant de 6 à  5 ans, dont le systà¨me bilingue du fait de l'acquisition plus rapide et efficace des apprentissages, a-t-elle souligné.

Pour sa part, le directeur du Bureau international d'éducation de l'Unesco, M. Yao Ydo, a martelé "le débat n'est plus de savoir si c'est important ou pas, on sait que c'est important, mais on arrive pas à  passer à  l'échelle, on est resté dans des projets pilotes".

Les deux raisons majeurs du non passage à  l'échelle, selon M. Ydo Yao, est "d'abord la volonté politique et c'est trà¨s onéreux. Car, réussir l'éducation multilingue coàte trà¨s cher", mais pour la dynamique enclenchée aujourd'hui, "l'espoir est grandement permis". 

Un des défis majeurs à  relever est la multiplicité des langues. En Côte d'Ivoire, il y a en une soixantaine, en RDC 325, au Cameroun 275, or en Papouasie Nouvelle Guinée, pays de 5 millions d'habitants, ils ont 850 langues, mais 400 sont utilisées à  l'école.  

"La question du trop grand nombre de langues n'est pas un handicap, parce qu'on a des pays o๠il y a une seule langue, mais cela ne se fait pas, tel la Centrafrique, o๠100% des populations parlent le Sango, mais le Sango n'est pas utilisé à  l'école; c'est juste la volonté politique", a -t-il soutenu. 

Selon des enquêtes, lorsque l'enfant commence l'école dans sa langue, il a de meilleurs résultats à  tous les niveaux, y compris en Français et en Anglais. En Afrique, c'est 8 enfants sur 10 qui commencent l'école dans une langue autre que celle qu'il parle entre 0 et 8 ans. 

Le symposium sur l'éducation par l'enseignement bilingue qui s'est ouvert, ce jour, se poursuit les 26 et 27 avril 2022 à  Grand-Bassam. Il vise à  promouvoir l'usage des langues locales dans les premià¨res années d'apprentissage. 

AP/ls/APA

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