vendredi 24 décembre 2010 par Le Mandat

Alors que l'avènement du 21ème siècle apparaissait partout dans le monde comme un réel motif d'espoir, la Côte d'Ivoire est entrée en l'an 2000 avec le premier coup d'Etat de son histoire. Du 24 décembre 1999, date du putsch militaire du Général Robert Guéi au 24 décembre 2010, moment du putsch électoral de Laurent Gbagbo, les Ivoiriens n'ont connu que le calvaire.

L'élan de la croissance interrompu
En 1999, la Côte d'Ivoire ressentait certe, les séquelles de plusieurs années de crise économique. Mais face aux performances réalisées depuis 1994, avec un taux de croissance moyen de 7%, les investisseurs et bailleurs de fonds avaient commencé à adresser des satisfécits au pouvoir en place .Le gouvernement du Premier ministre Daniel Kablan Duncan s'était même permis de se fixer comme objectif, un taux de croissance à deux chiffres, à moyen terme . Le 21 ème siècle étant à nos portes, il s'agit de tout mettre en ?uvre pour y entrer dans les meilleures conditions et savoir profiter des nouvelles opportunités qui s'ouvrent , avait dit en son temps, le Président Henri Konan Bédié qui avait pour ses compatriotes un prodigieux projet de développement avec ses 10 chantiers de ?'l'Eléphant d'Afrique''. Objectif, créer ?'une société nouvelle aux frontières nouvelles du développement''. Malheureusement, c'est dans ce contexte favorable à l'amélioration des conditions de vie des Ivoiriens que, profitant d'une mutinerie militaire, le général Robert Guéi est entré tristement dans l'histoire de la Côte d'Ivoire le 24 décembre 1999. Un coup d'Etat jugé salutaire par l'opposant historique Laurent Gbagbo. Les auteurs et leurs complices dans l'opposition ivoirienne avaient fait croire que c'était une occasion pour la Côte d'Ivoire de prendre un nouveau départ et réparer les injustices sociales pour aborder une vraie ère de démocratie. Et pourtant, de décembre 1999 à octobre 2000, les Ivoiriens ont vécu dans la terreur avec toutes sortes d'abus commis par les éléments du Comité National de Salut Public(CNSP). Pour le peuple ivoirien, il ne restait qu'un seul moyen pour se débarrasser de ?'ces sauveurs'' encombrants. Celui de la voie des urnes.

Des élections
calamiteuses en 2000
Organisées au forceps sans les candidats du Pdci, Henri Konan Bédié et du Rdr Alassane Ouattara, les élections ont conduit Laurent Gbagbo au Palais présidentiel dans des conditions qu'il a qualifiées lui-même de calamiteuses. Pratiquement seul face au Général Guéi dont tout le monde souhaitait le départ, le candidat du Fpi qui se présentait comme le nouvel espoir des Ivoiriens aurait obtenu 59.4% des voix. Une page sombre qui a gravement fragilisé le tissu social. Violences, intimidations et deux charniers de plus de 100 corps ont été découverts à Abidjan. Des brèches que le président mal élu n'a pas su colmater à temps. Conséquences : plusieurs tentatives de coup d'Etat dont la dernière, le 19 septembre 2002 s'est muée en rébellion armée et a consacré la partition du pays. Ce sera le point de départ d'un long chemin de croix avec parfois des affrontements meurtriers entre les belligérants. Des milliers de familles ont ainsi été endeuillées, un exode massif de plus de 1.7 millions de personnes, des villages rayés de la carte de la Côte d'Ivoire, l'économie en lambeau et la cohésion sociale ébranlée. En outre, le Premier ministre Seydou Diarra nommé dans le feu de l'action à l'Ambassade de Côte d'Ivoire à Paris en mars 2003, après les accords de Linas Marcoussis et Kléber, a eu du mal à diriger le gouvernement de consensus. Son successeur Charles Konan Banny a dû également jeter l'éponge face aux man?uvres machiavélique de Gbagbo pour avoir le contrôle du processus de sortie de crise. Avec la communauté internationale appelée à la rescousse, de nombreux accords vont être signés allant de Marcoussis, en France (2003), à Ouaga, au Burkina Faso (2007). De 2003 en 2007, on a noté comme accords : Accra II, le 7 mars 2003 ; Accra III, le 30 juillet 2004 ; Pretoria I, le 6 avril 2005 ; Pretoria II, le 29 juin 2005 ; la Résolution 1633 du Conseil de Sécurité de l'Onu, le 21 octobre 2005Ainsi, de capitale en capitale, les acteurs de la crise ivoirienne ont eu du mal à parvenir à un accord sincère devant aboutir à des élections libres transparentes et ouvertes à tous .Car, Laurent Gbagbo, mû par la volonté de conserver le pouvoir contre vents et marées a toujours usé de subterfuges pour créer les conditions du report du scrutin présidentiel initialement prévu pour 2005. Violations des accords, répression sauvage des manifestations pacifiques de l'opposition, dissolution de la Commission Electorale Indépendante, tels sont entre autres, quelques obstacles au processus de sortie de crise.

Une gestion
approximative
Outre les effets pervers de la crise armée, les Ivoiriens ont dû subir dans la douleur, la gestion approximative du régime de la refondation marquée par plusieurs scandales dont le plus macabre est l'affaire des déchets toxiques. Car en 2006, avec la complicité des autorités portuaires et du District d'Abidjan, le navire Probo Koala de la société néerlandaise, ?'Trafigura'' a convoyé aux larges d'Abidjan, 6000tonnes de déchets toxiques. Ces produits nocifs ont été déversés sur plusieurs sites à Abidjan. Ce qui a occasionné plusieurs dizaines de morts et de milliers d'hospitalisés. Dans la filière café-cacao, l'organisation des concours d'entrée à l'Ena et à la police, de nombreuses sales affaires ont mis à nu les tares du régime de Gbagbo. Sous son règne, le journaliste français Jean Helen a été abattu froidement alors qu'il était en fonction et un autre, Guy André Kieffer a été enlevé depuis le 16 avril 2004. Des faits qui illustrent parfaitement la situation catastrophique dans laquelle ont vécu les Ivoiriens sous l'ère de Laurent Gbagbo. En définitive, l'élection présidentielle d'octobre 2010, devrait ramener le pays à l'ordre constitutionnel normal. Au vu de la campagne électorale apaisée, tous les Ivoiriens croyaient voir le bout du tunnel le 28 novembre dernier quand Gbagbo et son clan ont décidé de confisquer le pouvoir au mépris du verdict des urnes donnant Alassane Ouattara vainqueur. Tous les assassinats perpétrés à cette occasion sont donc à mettre sur le compte de Laurent Gbagbo et son ami Paul Yao N'Dré qui a lu le droit en l'envers.
MARCEL BENIE

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