jeudi 30 décembre 2010 par Le Mandat

Connaissez-vous cette espèce de singe, petit de taille et qui vit régulièrement dans nos forêts ? Le potto ou le paresseux. Sa particularité : quand un chasseur tire sur lui et qu'il parvient à s'accrocher à une branche, il n'en tombe jamais, même après sa mort. Pour l'en faire tomber, il faut absolument que le chasseur aille le chercher du haut de l'arbre en coupant ses pattes. En fait, ce singe-là, me disait un ami, il est rare de le manger avec ses pattes au complet . Depuis la proclamation des résultats officiels de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010 (donnant M. Alassane Dramane Ouattara vainqueur), l'attitude de Laurent Gbagbo me fait penser à cet animal. En s'accrochant au fauteuil présidentiel, Gbagbo ne veut pas bouger, sans doute, parce qu'il n'en a plus les ressources nécessaires. Alors, il importe que le peuple de Côte d'Ivoire, avec à sa tête, son nouveau Président démocratiquement élu (SEM Alassane Dramane Ouattara), aille le cueillir là où il se trouve. N'est-ce pas lui qui avait déclaré tout de go, au début de la crise : Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j'avance. Dans cette logique, il s'entête à tirer la Côte d'Ivoire vers le bas en refusant de reconnaître sa défaite et ce, au vu et au su de tout le monde. Lui qui assurait devant le peuple, lors du face-à-face historique avec le Dr Alassane Ouattara que s'il perdait l'élection présidentielle, il se retirerait. Et dire qu'on a failli y croire ! Il a fallu le cinglant revers pour qu'on se souvienne que Gbagbo n'a jamais tenu parole. Toutes les personnes dotées de bon sens ont conseillé à ce fameux animal politique (ainsi que le nommait un politologue français) de s'en aller. Mais Gbagbo refuse. Parce qu'il a sa façon de voir la démocratie. Pour lui, elle est synonyme de mensonge, de roublardise, de coups-bas Obnubilé par le pouvoir, plus rien ne compte pour lui, hormis son fauteuil (qui n'est d'ailleurs plus le sien). Il se dit qu'il n'a plus rien à perdre. Alors, autant tout mélanger. Voilà pourquoi, il n'y a donc plus rien à espérer de Gbagbo désormais, un homme fini ! L'homme insensible à la souffrance humaine et qui se donne l'illusion d'être encore aux affaires. Mais de quelles affaires s'agit-il ? Est-on encore aux affaires quand on n'a plus aucune légitimité hors des frontières ivoiriennes ? Quand on ne peut plus voyager ? Quand tout le monde sait aujourd'hui que sa signature ne vaut même plus celle d'un commis à la poste ? Gbagbo espère peut-être que la population volera à son secours, comme elle le fit en 2004 ? Mais non ! Voyons ! Cette fois, le contexte est bien différent. Que Simone dise à son mari que la majorité du peuple lui a déjà fait savoir, à travers les urnes, qu'il ne veut plus de lui. Même en misant sur l'armée pour espérer se maintenir, ça ne marchera jamais, quand bien même il croit la tenir en laisse en lançant, de son éternel ton arrogant : si je tombe, vous tombez ! . Que du vent ! N'est-ce pas cette même armée dont il prétend être le chef suprême qui a voté à plus de 60% en faveur d'Alassane Ouattara ? Soyons sérieux ! Les quelques Généraux illuminés encore acquis à sa cause gagneraient à lui dire la vérité. Toute la vérité sur leur incapacité aujourd'hui à tenir devant l'armée ivoirienne en cas d'affrontement. D'ailleurs, leurs sorties inopinées dans les medias LMP en disent long sur leurs intentions. A compter de ce jour, s'il y a le moindre coup de feu en Côte d'Ivoire, les seuls responsables connus du monde entier sont les Généraux Dogbo Blé Bruno, Vagba Faussignaux et Guiai Bi Poin. D'ailleurs, derrière leur fougue apparente, ces trois strapontins n'ignorent pas qu'ils sont dorénavant dans la ligne de mire de la Cour pénale internationale (CPI). L'interdiction de voyager dans le monde et le gel de leurs avoirs à l'étranger ne sont que des avertissements de la très sérieuse Union Européenne (UE).
Est-il besoin de rappeler que Gbagbo s'est mis le monde entier à dos, à cause de son comportement anti-démocratique, après qu'il ait été battu à plate couture au second tour par le Président Alassane Ouattara avec plus de 54% des voix ? Il n'y a, en effet, que lui et son clan qui voient en noir ce que tout le monde voit en blanc. Et n'y a que lui et ses soi-disant ?'patriotes'' incultes qui le suivent tels des moutons de panurge qui ne savent pas encore qu'ils ont perdu le pouvoir depuis le 28 novembre 2010. Mauvaise foi oblige ! En rejetant de façon flagrante les résultats des urnes pour s'accrocher au pouvoir, le boulanger d'Abidjan offre au monde entier un triste spectacle. Pourquoi un tel comportement ? Certainement, parce que Gbagbo et son clan craignent pour leur avenir. Imaginez que se retrouver de nouveau dans ses habits d'éternel opposant, après avoir goûté aux délices du pouvoir fait peur à Gbagbo. Mais en plus, lui et ses acolytes savent qu'ils traînent de trop lourds de passifs depuis ces 10 dernières années. A commencer par l'appauvrissement de la population au détriment de laquelle ils se sont enrichis. Mais aussi, il se pose la question de savoir où iront-ils après avoir passé tant d'années à narguer la communauté internationale, à commettre des crimes crapuleux dont les auteurs n'ont jamais été inquiétés. J'en veux pour preuve, les assassinats du journaliste français Jean-Hélène et du Franco-canadien, Guy-André Kieffer. Des soi-disant ?'patriotes'' ont violé des Françaises, pillé et saccagé les maisons et les entreprises de ces mêmes Français qu'ils accusaient de faire la guerre à la Côte d'Ivoire pendant les événements de novembre 2004. Outre ces faits, plusieurs autres crimes commis par les milices pro-LMP, de nombreuses tueries et autres atrocités orchestrées au Sud sous la Refondation sont quelques dossiers gardés au frais qui attendent Gbagbo. Pour tout cela, l'homme a peur de quitter le pouvoir. Il ne peut plus compter sur le soutien de ses rares amis Thabo M'béki (l'ancien Président sud-africain) ou l'Angolais Dos Santos. Aujourd'hui, la vérité est que Gbagbo est un homme fini. Un homme traqué. Qui a peur. Lui qui disait, hier : Je ne laisserai jamais le pouvoir aux mains d'Alassane. (). Pour accéder au Palais, il faudra me passer sur le corps ! . Après ces propos durs, ayant compris la vanité de sa résistance factice, il semble soudain s'adoucir en appelant au dialogue. Entre hommes, on s'assoit et on discute. On finit toujours par se comprendre . Ah, qui donc, lui a dit qu'on pouvait s'asseoir et discuter ? Mais il est clair que, discussion il ne peut y avoir que s'il reconnaît sa défaite et accepte de partir. C'est à cette seule condition que tient le dialogue. Sinon, Gbagbo sera contraint de quitter le Palais. Alors, le boulanger a le choix entre un départ négocié avec le peu de dignité qu'il lui reste. Ou bien, s'obstiner à vouloir rester. Et alors, il sera obligé, cette fois, de sortir par la plus minuscule des portes. Ou même s'il le faut, par la fenêtre !
Franck Séri
Journaliste



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