mercredi 16 mars 2011 par Le Mandat

Mettons-nous d'accord tout au début de mon texte. Gbagbo est un mauvais président. Ce n'est pas moi qui le dit, mais plus de 54% des électeurs ivoiriens qui le lui ont dit le 28 novembre dernier. Mais, en tant qu'être humain, rien n'exclut qu'il puisse être mon ami, - je n'ai pas tant de mépris que ça pour lui ? Et puis, être l'ami d'un ancien Président, c'est tout de même un peu d'honneur qui donne de la prestance, même si c'est un mauvais président comme M. Gbagbo Laurent. Pour l'amitié, c'est lui-même qui a déclaré ne pas être mon ami. C'était en 1995. Au bout du téléphone de l'autre côté, il m'a dit : M. Georges Amani ? Oui Monsieur. ??Je suis Laurent Gbagbo, je suis rentré hier d'un voyage et j'ai trouvé votre demande de me rencontrer pour discuter du chapitre me concernant dans votre livre à paraître. J'ai déjà lu le document et il y a effectivement des raisons de nous rencontrer. Mais, je précise que je vous reçois demain à 16 heures à mon domicile ici à la Riviera Golf en votre qualité d'écrivain et non de journaliste qui n'est pas mon ami pour tout ce que vous écrivez. Mais en tant qu'écrivain moi-même, je ne peux pas faire obstacle à un collègue qui cherche à vérifier des informations''. La rencontre eut lieu en présence de son ami et frère Raphaël Lakpé, mon ami et confrère. J'ai rappelé cette parenthèse car j'aurais pu essayer de faire parvenir un important message à l'ancien Président de la République, Laurent Gbagbo en ami sincière. Raphaël Lapké est sorti de son giron des amitiés, un giron dépoussiéré des anciens et réduit aux sbires confinés dans un rôle d'applaudisseurs, loin du statut d'ami qui conseille et partage avec sincérité. Si j'en connaissais un tel pour M. Gbagbo, j'allais lui offrir le dernier livre de Nelson Roliblabla Mandela, l'ancien Président sud-africain, affectueusement surnommé Madiba. Dans ce dernier livre paru seulement en août dernier, et dont la version en français est disponible sur le marché sous le titre : "Conversations Nelson avec moi-même Mandela", l'ex célèbre prisonnier de Roblen Island, ajoute une étoile à sa gigantesque contribution à l'éducation politique des leaders politiques africains. Mandela y révèle, entre autres maximes, paraboles et assertions tirées de sa grande culture de sage, ceci : Les individus que nous sommes, avons tendance à juger notre réussite à l'aune de critères extérieurs, tels que la position sociale, l'influence, la popularité, la richesse ou le niveau d'éducation. Ce sont bien sûr des notions importantes pour mesurer sa réussite ? et on comprend que beaucoup tentent d'obtenir le meilleur d'eux-mêmes sur ces points. Mais d'autres critères intérieurs sont peut-être plus importants pour juger de l'accomplissement d'un homme ou d'une femme. L'honnêteté, la sincérité, la simplicité, l'humilité, la générosité, l'absence de vanité, la capacité à servir les autres ? qualités à la portée de toutes les âmes ? sont les véritables fondations de notre vie spirituelle. Mais cette réussite-là n'est pas accessible sans un travail d'introspection véritable et une connaissance de ses forces et de ses faiblesses. La détention a au moins le mérite d'offrir une bonne occasion pour travailler sur sa propre conduite, corriger le mauvais et développer le bon que l'on porte tous en soi. Si je savais comment offrir ce livre à M. Gbabo, je lui introduirais une lettre en disant : Grand frère, seul le cadavre ne dispose plus de ressort pour rebondir. Mais un être vivant ne chute jamais trop profondément pour ne pas se réconcilier avec ses frères.
G.A


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