mercredi 1 juin 2011 par Le Mandat

?'Les premiers mots que je voudrais vous dire après vous avoir remerciés c'est que nous venons de vivre une année extraordinaire. Je crois qu'une fois de plus, la République de Côte d'Ivoire nous a réservé un des scenarios parmi les plus improbables. Qui aurait pu penser que nous connaitrions tous ces événements en si peu de temps ?
Ce qui me frappe le plus durant cette année improbable, c'est tout ce que j'ai appris. Je pense que cela a été pour moi une année riche en enseignements parce que j'ai eu l'honneur de côtoyer beaucoup de personnalités avec des responsabilités très différentes, qu'elles soient diplomatiques, politiques, médiatiques, religieuses, judiciaires, militaires et qu'au contact de ces gens-là, j'ai tiré des enseignements sur mon métier et sur la vie tout simplement.
Je voudrais vous dire les quatre ou cinq enseignements majeurs que j'ai tirés de cette année.
Le premier concerne la politique qui est la fonction primo de tout ce qui gère une communauté d'hommes. Donc, elle prime sur tout et ce n'est pas pour rien qu'on lui associe les termes politiques économiques, sociaux etc. et j'ai appris que sans consensus politique, on ne peut résoudre une crise. Je pense que l'on avait un peu oublié cette notion de consensus politique.
Le deuxième enseignement pour moi, c'est l'extraordinaire complémentarité entre les actions diplomatiques et militaires et c'est un cas, je pense, qui fera école. J'ai rarement vu durant une crise une telle solidarité dans l'action. Et je pense que cela a aidé beaucoup de choses dans la résolution de nombreux problèmes.
Le troisième enseignement concerne vous les journalistes qui faites un métier très difficile car vous êtes exposés à des pressions parfois politiques et j'ai pu percevoir toutes les conséquences funestes quand l'objectivité n'était plus de mise, quand la diffamation et le mensonge prenaient le pas sur la réalité, les faits et le débat d'idées que vous suscitez.
Le quatrième enseignement c'est que, loin de tout parti pris la foi doit nous enseigner l'amour du prochain, la tolérance et le vouloir vivre ensemble. Et c'est à ces seules conditions que tous ces préceptes sont écoutés et suivis. L'oublier, c'est ce perdre.

Le cinquième enseignement, c'est qu'après le politique, le temps des médiations, le temps de la force armée, vient le temps de la justice. Ce temps a commencé très rapidement et sera long, implacable, inexorable.
L'impunité n'a pas lieu d'être et la recherche de la vérité se fait par la conjugaison de l'action des organisations internationales, des ONG, de la justice ivoirienne. Je pense que nous apprendrons que même si certains se sont bercés d'illusions, l'impunité n'est pas de mise.
Le dernier point concerne davantage mon métier. Je le connaissais bien mais je l'ai réappris. C'est qu'au paroxysme d'une crise, le militaire est seul. Cette solitude peut aboutir à des dérives et à des emplois inconsidérés de la force. Seul l'emploi d'une force mesurée nous honore car elle épargne des souffrances à la population civile et se concentre sur ce qui permet la résolution de la crise. Loin de susciter haine et revanche, elle provoque le respect. Faut-il que cet emploi soit limité dans le temps et l'espace.
Voilà la richesse de cette année, que j'ai apprise à votre contact, au contact de tous les Ivoiriens''.

Le Général Palasset

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