mercredi 1 juin 2011 par Le Mandat

Nous ne sommes pas un régime de revanchards
Un seul ivoirien mécontent à l'extérieur du pays est un danger
pour la paix sociale
Hier mardi 31 mai 2011, une délégation du bureau de la jeunesse du PDCI, conduite par Kouadio Konan Bertin dit KKB s'est rendue à la Rédaction de Le Mandat . Au cours de cette visite de courtoisie, le cerveau de la jeunesse du parti doyen de la Côte d'Ivoire s'est prêté aux questions des journalistes. L'avenir politique de KKB et du PDCI et le retour des leaders de la galaxie patriotique au pays, ont constitué l'essentiel de cet entretien.

Avec beaucoup de bruits qui circulent çà et là, au sein du RHDP que pouvez-vous dire de l'avenir du PDCI ?
LE PDCI ne se pose pas de questions et ne s'inquiète pas sur son avenir. C'est ce parti qui a bâti la Côte d'Ivoire moderne. Nous avons initié ensemble le RHDP, un mouvement des Houphouëtistes. Je l'avais très tôt qualifié de retrouvaille, parce que lorsque vous prenez les militants du RHDP aujourd'hui, ils sont presque tous des produits du PDCI-RDA. Je voudrais que les gens retiennent que c'est quand on est uni qu'on est toujours fort.
Les élections générales, c'est pour bientôt. La famille du RHDP ira-t-elle dans un bloc ou chacun ira pour sa chapelle politique ?
Ce qui a été déjà admis, c'est qu'on aille ensemble en RHDP, sauf changement de dernière minute. Maintenant, comment cela va se matérialiser sur le terrain, je ne suis pas membre de la haute direction qui décide de ces choses là.
Pendant la crise postélectorale certains jeunes du PDCI ont organisé des meetings pour discréditer le parti. Pour eux, la vérité était du côté du Président Gbagbo. Aujourd'hui, vous avez la victoire et en tant que Président de la JPDCI, qu'allez-vous faire pour réorganiser cette jeunesse.
La première chose qu'il faut continuer, c'est l'éducation des masses. Il faut que nos jeunes, ceux qui veulent vraiment faire de la politique, aient une bonne culture politique. Il faut aussi une éducation des rapports du militant et l'argent. Car, trop souvent, sur la scène politique, des jeunes se comportent en mercenaires politiques. Mais, je dois continuer mon travail d'éducation à la tête de la JPDCI. Aux jeunes de Côte d'Ivoire, je leur dis que l'argent n'est pas le but en politique. C'est certainement un moyen pour réaliser des ambitions. Il faut qu'ils se battent pour cultiver une bonne probité et morale et qu'ils montrent d'autres reflexes, pour rassurer les anciens sur nos capacités, afin qu'on nous confie des responsabilités. Donc, il faut que cet ensemble de militants prenne fin au PDCI-RDA. Heureusement, qu'il y a un bon nombre de jeunes qui compris cela. Je prépare ma succession avec ces jeunes et vous verrez, dans quelques mois, que les choses vont bien se passer.
Pour terminer sur ce chapitre, allez-vous continuer de travailler avec ces jeunes cadres qui se sont démarqués durant la crise ?
Il n'y a pas de raison ! La première qualité que devrait avoir un bon militant du PDCI, c'est de rassembler. Que certains aient commis quelques erreurs d'appréciation pour aller à gauche ou à droite, il faut toujours tendre la main aux uns et aux autres et leur accorder une seconde chance.
Est-ce que vous êtes pressenti à un poste au niveau du futur gouvernement. Si ce n'est pas le cas, quel est votre ambition ? Est- ce que vous aller briguer un poste de député ou de maire.
Lorsqu'on a été à la tête de la JPDCI pendant 7 ans, il serait malhonnête de dire qu'on n'est pas intéressé par la politique. Je le dis haut et fort, je veux embrasser une carrière politique, mais je recherche la légitimité et elle ne se trouve nulle part ailleurs, que sur le terrain. C'est pourquoi, j'ai choisi d'être candidat aux élections législatives de PortBouët. Je veux siéger au futur parlement. Pour le reste, c'est Dieu qui a le destin des hommes en main. Parlant de gouvernement, je suis mal à laisse parce que, ce n'est pas moi qui nomme. On ne démarche pas pour être ministre. Si quelqu'un estime que j'ai un minimum de compétence pour servir à un poste, Dieu l'inspirera. Pour l'heure, je suis un soldat, un militant du PDCI-RDA et je suis sur le terrain en train de travailler.
Votre succession vous l'avez préparée déjà ?
Je peux vous dire que même si on me dit d'aller au Congrès demain, je suis prêt.
Pensez-vous que le FPI doit nécessairement participer au futur gouvernement ?
Tous les Ivoiriens ont chacun une place dans la reconstruction et dans la réconciliation du pays. Pour reconstruire, il faut qu'on soit ensemble. On se réconcilie avec celui avec qui on est en palabre. Aujourd'hui, on est déjà réuni au sein du RHDP. C'est le FPI qui est en face de nous. C'est avec eux, qu'on va engager la réconciliation. Donc, ils ont leur place dans la société. Seulement, ce sont les conditions qu'ils posent avant d'entrer au gouvernement qui ne sont pas bonnes. Je suis d'accord avec le Pr Mamadou Koulibaly qui dit qu'en démocratie, c'est celui qui gagne les élections qui gouverne. Alassane Ouattara a gagné, il est libre de gouverner avec qui il veut. Dans le contexte houphouëtiste actuel, le Président Alassane Ouattara sait bien que le succès de son action dépend de la cohésion sociale. C'est donc, tant mieux qu'il réussisse à convaincre le FPI. Les batailles sont terminées, la place est faite maintenant au développement.
Croyez-vous en la réconciliation nationale tant prônée par le chef de l'Etat ?
J'y crois ! On n'a pas d'autre choix que de nous réconcilier. J'invite donc tous les Ivoiriens à prédisposer leurs c?urs, à accepter la main tendue et à pardonner les uns aux autres. Nous sommes condamnés à vivre sur le même sol, dans la même Côte d'Ivoire.
En tant que leader de jeunesse, pensez-vous que les leaders de la galaxie patriotique exilés doivent revenir au bercail. Vous avez d'intimes relations avec Blé Goudé, l'avez-vous joint pour qu'il revienne au pays ?
Je pense qu'un seul Ivoirien mécontent à l'extérieur du pays est un danger pour la paix social. C'est dans cet esprit qu'en 1983, Houphouët-Boigny a dépêché son gruman présidentiel pour aller chercher Laurent Gbagbo, seul à bord, en France pour qu'il rentre en Côte d'Ivoire. C'est ce que l'historien Gbagbo n'a pas pu réagir face à l'histoire qui s'est répétée en 2000, quand il y a eu des Ivoiriens mécontents au Burkina Faso. En tant qu'être humain, je suis préoccupé par la vie de mes concitoyens qui sont au-delà de nos frontières et qui sont mécontents. On ne peut que souhaiter leur retour en côte d'Ivoire. Nous ne sommes pas un régime de revanchards. Il ne faudrait pas qu'ils aient peur, sauf que dans une société, il y a des règles. Pour les bandits, il y a des mécanismes pour les corriger. Nous tenons à la vie humaine. Je me réjouis que Blé Goudé soit vivant. Dans l'euphorie, ils sont tous partis au Ghana. Mais, je ne suis pas certain qu'au-delà d'un mois, la vie soit facile pour eux, là-bas. Il faut qu'ils rentrent en Côte d'Ivoire pendant qu'il y a de quoi à manger. Les habitudes alimentaires du Ghana ne sont pas les mêmes comme les nôtres ici. Déjà, ils sont en train de grincer les dents. Si Blé Goudé me dit demain qu'il veut revenir et qu'il a besoin de mon aide, je suis là, mes portables sont toujours ouverts. Je n'arrive pas à le joindre. Ce sont mes amis, d'autres sont rentrés et ils m'appellent, on communique. S'ils veulent se venger, il y a les prochaines élections législatives, les Conseils généraux et les Municipales. Mais celui qui pense qu'il peut se venger avec des fusils, il rêve.
Pensez-vous que le pays retrouvera vite sa stabilité sécuritaire ?

Le Président Ouattara a souhaité que les choses avancent. Mais tant qu'il y aura des gens qui se mettent à la frontière pour menacer, les choses n'avanceront pas. Notre souhait, c'est que la sécurité soit effective ici, sur le terrain.

La rédaction

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