lundi 20 fevrier 2012 par Le Mandat

La cohabitation entre les Forces républicaines de Côte d'Ivoire, Frci, et les populations, a du mal à se parfaire. Elle baigne même dans une atmosphère de belligérance permanente. La moindre contradiction émanant d'une des parties crée des étincelles. L'on enregistre déjà trois graves conflits dans ce couple, uni dans un mariage précipité, presque forcé. Vavoua, au Centre-ouest, Sikensi, au Sud et Arrah, à l'Est ont été des théâtres d'affrontements meurtriers entre les populations autochtones et les Frci, avec toujours de nombreuses pertes en vies humaines et d'importants dégâts matériels. En dehors de ces conflits officialisés, l'on signale des affrontements sporadiques un peu partout sur l'ensemble du territoire, où couvent des foyers de tensions entre militaires et populations autochtones. Les conflits ci-dessus relevés,ont certes été circonscrits rapidement par le gouvernement, mais les cendres cachent encore des braises incandescentes capables de produire des flammes au premier coup de vent. C'est que ces conflits, loin d'être des faits circonstanciels, sont le prolongement de la crise postélectorale, dont les principaux acteurs au plan local sont les pro-Gbagbo et pro-Ouattara. Aux yeux des deux camps et même dans leurs subconscients, les Frci d'aujourd'hui ne sont autres que les rebelles d'hier. Ils demeurent donc pour les pro-Gbagbo des bourreaux et pour les pro-Ouattara des libérateurs. Et cela se manifeste par les actes provocateurs des premiers vis-à-vis des Frci, qui reçoivent le soutien spontané des derniers. Ces regards croisés sur les Forces républicaines de Côte d'Ivoire sont la conséquence négative de la précipitation avec laquelle le chef de l'Etat a pris le décret qui leur attribue ce nouveau nom, en remplacement de celui de Forces armées nationales de Côte d'Ivoire, Fanci. En effet, ce décret est intervenu en pleine crise postélectorale, alors que le président de la République n'avait pas encore pris possession de toutes les manettes du pouvoir. Les Frci étaient donc d'abord composées majoritairement des Forces nouvelles et de leurs supplétifs (l'équivalent de miliciens pro-Gbagbo), ainsi que de quelques forces régulières ralliées. Après la confirmation de la victoire du président Alassane Ouattara par le Conseil constitutionnel, toutes les forces régulières dont il devenait, de facto, le chef suprême, ont repris du service avec les Frci, qui sont considérées par les pro-Gbagbo comme des pro-Ouattara et non des forces véritablement républicaines. D'où des actes et paroles de provocation à leur endroit. Et comme au sein de cette nouvelle armée dite républicaine, l'on dénombre, à l'image de son homologue du Mexique, presqu'autant de commandants que de soldats du rang, les dérapages sont difficiles à éviter. Les ordres fusent de partout et de tous. Dans ces conditions, ceux émanant de la haute hiérarchie militaire sont vite étouffés. Alors, de gardien de la paix, certains éléments deviennent des acteurs de conflits.

ULRICH MOUAHET

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