jeudi 4 juillet 2013 par Xinhua

Le gouvernement ivoirien a décidé de retrousser les manches contre le racket, suite aux dénonciations successives d'actes d'extorsion commis par des éléments des forces de sécurité.

Plusieurs autorités du pays sont montées au créneau pour dénoncer les pratiques anormales qui jettent l'opprobre sur les agents commis à la sécurité des biens et des personnes.

''Ce sont des habitudes décennales que nous déplorons. Le gouvernement prendra ses responsabilités. Celui qui sera pris dans ces actes de racket, sera sanctionné'', déclarait le ministre ivoirien de la Justice Gnénéma Coulibaly, au cours d'une conférence de presse.

Pour le ministre qui réagissait au rapport publié lundi par l'ONG de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW) faisant état de "racket à grande échelle" des forces de sécurité dans l'ouest du pays, la lutte contre ce fléau est un combat de longue haleine.

Pour leur part, le ministre ivoirien de l'Intérieur Hamed Bakayoko et son collègue de la Défense Paul Koffi Koffi ont déjà multiplié des appels envers la police nationale, la gendarmerie et les militaires afin qu'ils changent de comportement pour se réconcilier avec la population civile et pour bénéficier de sa confiance et de sa collaboration.

"Nous voulons une police qui ne martyrise pas les Ivoiriens, nous voulons une police qui ne rackette pas les Ivoiriens", avait insisté le ministre de l'Intérieur qui s'est engagé depuis plusieurs mois à redorer l'image des forces de police.

Pour M. Bakayoko, l'image des agents de police a été ternie en raison des mauvaises pratiques telles que les tracasseries routières, les extorsions de fonds, les bavures et les abus.

"Il faut un comportement nouveau qui va effacer les récriminations des Ivoiriens", avait-il recommandé, invitant les agents de police à travailler dans la probité et la responsabilité.

De son côté, le ministre de la Défense a effectué des missions d'inspection pour s'assurer du respect des consignes du gouvernement relatives aux rackets et barrages illégaux.

Au cours d'une visite au sud du pays, M. Koffi Koffi avait instruit les éléments Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et agents de la police, de la gendarmerie et des eaux et forêts à être des modèles pour les populations.

DES PERTES DE 350 MILLIARDS DE FCFA POUR L'ETAT

L'Observatoire de la fluidité des transports (OFT) constitue également l'un des acteurs de la lutte inlassable contre le racket.

Selon son secrétaire général Mohammed Kouyaté qui s'appuyait sur une étude de la Banque mondiale, le racket pratiqué sur les routes en Côte d'Ivoire fait perdre à l'Etat ivoirien 350 milliards de francs CFA (environ 500 millions d'euros) par an.

"Le gouvernement a décidé de fixer le nombre de barrages à 33 sur tout le territoire. Il faut que cela soit respecté par les agents de l'ordre pour éviter encore des récriminations", a-t-il noté en substance.

Le responsable de l'OFT a par ailleurs invité les propriétaires de véhicules et d'engins à se mettre en règle vis-à-vis des documents administratifs, afin de diminuer les risques de perception illicite de taxes.

UNE MISSION D'INSPECTION DANS L'OUEST

Face à la situation qui prévaut dans la zone sensible de l'ouest, une mission du ministère des Transports est annoncée dans cette région pour s'imprégner des réalités et agir.

"Le ministère des Transports et l'OFT mèneront la mission avec l'Unité de lutte contre le racket et les grands commandements de l'armée. Il sera question de démanteler les barrages illégaux", a expliqué Mohammed Kouyaté.

"Le gouvernement est prêt à mener un combat vigoureux contre le racket qui est une pratique entravant la liberté de circulation", a-t-il ajouté.

Dans une déclaration publiée dans les médias, l'Organisation non gouvernementale Human Rights Watch avait tiré la sonnette d'alarme sur la persistance et l'intensification des pratiques anormales dans l'ouest du pays.

"Les barrages routiers, mis en place en principe pour lutter contre l'insécurité résultant des incursions transfrontalières et des actes de banditisme, sont devenus une entreprise lucrative et criminelle pour les militaires et les gendarmes, dont les exactions menacent les moyens de subsistance et le prix des denrées alimentaires dans la région de l'ouest déjà dévastée par la crise post-électorale de 2010-2011", avait déploré l'ONG.

Le fléau du racket et des tracasseries routières préoccupent le gouvernement et des structures nationales qui multiplient des actions en vue de juguler le phénomène qui occasionne un manque à gagner à l'économie eu pays et qui crée de sérieux désagréments aux citoyens.

Dans leur volonté de venir à bout de ce phénomène, les nouvelles autorités ivoiriennes sont passées à la phase de répression après la sensibilisation avec la mise sur pied d'une brigade anti-racket, et elles n'entendent pas baisser les bras.

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