samedi 28 decembre 2013 par Le Mandat

Amani Yao est bien connu des sportifs ivoiriens. Depuis quelques années, il conduit l'encadrement technique de l'Académie de football Amadou Diallo de Djékanou. Nous l'avons rencontré lors de l'AG dudit club. Il donne son avis sur le football ivoirien et juge la poule des Eléphants pour le Mondial 2014.

Coach, vous êtes sur le banc de l'Afad depuis un moment. Cette année, après 9 journées, vous pointez à la deuxième place du classement. Un mot à dire ?
C'est un championnat marathon. Comme nous visons le titre pour repartir sur la scène africaine, on fait un parcours mi-figue, mi-raisin pour le moment. Nous espérons que ça ira pour le mieux. Il nous faut être plus efficace devant le but. Pour le moment, ce n'est pas aussi mauvais que cela. Nous essayons de nous maintenir. Maintenant, il faut être régulier dans les résultats. Et, c'est à cela que nous allons nous atteler.
Vous disiez tantôt que vous visiez le titre. Pensez-vous avoir les moyens de le décrocher à ce stade des choses ?
Bien sûr ! Il y a le potentiel humain. Il y a d'autres moyens qui sont là. Maintenant, c'est le terrain qui dicte. Il faut travailler. Il n'y a que par le travail qu'on pourra atteindre les objectifs à nous assignés. Si nous voulons être sur la scène africaine, la Côte d'Ivoire ayant perdu deux places à ce niveau, nous ne pouvons qu'être Champions ou remporter la Coupe nationale. Nous allons donc jouer sur ces deux tableaux à fond.
C'est bientôt le mercato. Songez-vous déjà à de petits réglages ?
Bien sûr que oui. C'est la vie de tout club. Il y a toujours des départs et des arrivées. Djékanou ne va pas y échapper. Maintenant, il faut essayer de trouver les joueurs, passer des accords avec les clubs. C'est une autre paire de manche.
Aujourd'hui, l'on se rend compte que les supporters ont déserté les stades. Selon vous, que doit-on faire pour les ramener ?
Si j'avais la solution, je vous l'aurais donnée. Mais je pense que c'est le travail des dirigeants, de la Fédération. Moi, je suis entraîneur de football, mon travail, c'est de préparer mon équipe. Maintenant, comment faire pour ramener les gens au terrain, je n'ai pas de solution miracle.
N'est-ce parce qu'il n'y a pas de grandes stars dans le championnat national ? Parce qu'en tant que coach, vous pouvez amener vos dirigeants à faire venir des oiseaux rares. N'est-ce pas ?
Je pense qu'à ce niveau, il y a une rareté au niveau des fonds. Par le passé, avec des dirigeants comme Simplice Zinsou, Roger Ouégnin, Me Mondon, paix à son âme, Ekra Maxime, il était plus facile d'attirer des grands noms. Parce que c'était vraiment des mécènes. A l'heure actuelle, le mécénat est mort. Ce n'est plus évident de faire venir ces grands joueurs dans notre championnat. Il ne faut pas rêver. Surtout que de partout, tout le moment va en Europe. Tout le monde cherche à s'expatrier en Europe pour gagner plus d'argent. Ici, je pense que le problème est plus profond. Il faut vraiment réfléchir à comment faire revenir le public dans les stades. Et pour qu'il vienne, il faut de bons joueurs. Et, il est très difficile de retenir les bons joueurs en Côte d'Ivoire, aujourd'hui. Il ne faut pas se le cacher. Quand un enfant émerge, il faut qu'il parte pour sa vie, sa famille et pour le club. Pour renflouer un peu ses caisses.
Songez-vous à vous expatrier un jour ?
Ça dépend de beaucoup de facteurs. S'il y a une bonne offre, pourquoi pas ?
Les Eléphants sont qualifiés pour le Mondial 2014. Et ils connaissent leurs adversaires depuis peu. Selon vous, cette fois, peut-on espérer aller au moins au second tour ?
Il n'y a pas de petits adversaires en Coupe du monde. Ne sont là-bas que les 32 meilleures nations du monde. Il ne faut pas sous-estimer les adversaires en face. Parce que la Colombie est quand-même la quatrième équipe mondiale. Ce sont des clients sérieux. Il ne faut pas les mépriser. Pour leur troisième Coupe du monde, je pense qu'ils ont acquis de l'expérience. Et ils sauront faire ce qu'ils ont à faire pour pouvoir au moins sortir des poules. Ce sera déjà énorme pour le groupe.
Comment jugez-vous alors cette poule par rapport aux deux participations antérieures des Eléphants au Mondial ?
En football, moi, je me méfie de tous les adversaires. Je ne pense donc pas ce que les gens pensent. L'on pense qu'en évitant le Brésil, l'Espagne et autres, on a eu un tirage clément. Mais c'est le terrain qui nous dira si c'est clément ou pas. Il faut prendre tous les adversaires avec sérieux. Et ne pas croire que c'est déjà facile et vu le tirage au sort, que tout va nous être donné. Je crois que non. Il va falloir travailler. Ce sont de grands professionnels, ils savent donc à quoi s'attendre.

Entretien réalisé par Francis Aké

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023