jeudi 12 octobre 2017 par Xinhua

DAKAR - L'économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique, Albert Zeufack, a invité mercredi les pays africains à freiner leurs niveaux d'endettement pour pouvoir assurer le service de la dette.
Albert Zeufack s'exprimait en vidéo conférence face aux journalistes de six pays d'Afrique francophone, lors de la publication de la dernière édition d'Africa's Pulse, un rapport semestriel de son institution qui analyse l'état des économies africaines.
Depuis 2014, a indiqué l'économiste, de nombreux pays africains ont multiplié leurs dettes par trois et leur taux d'endettement a été accéléré surtout avec la baisse des prix de leurs matières premières.
"Nous avons vu de nombreux pays passer de faible risque à un taux modéré. Les pays se doivent de freiner leur endettement, surtout qu'on n'arrive pas encore à mettre en place des mécanismes de mobilisations des recettes et des ressources domestiques pour pouvoir assurer le service de la dette", a-t-il fait remarquer.

M. Zeufack a rappelé qu'en 2011, il y a eu un "accroissement significatif" de cette dette. Or, lorsqu'on accroit la dette dans un environnement où les recettes augmentent, cela "ne menace pas la soutenabilité". Mais, quand on "ne peut pas compter sur l'aide publique" et que les pays "n'arrivent pas encore à s'organiser pour lever suffisamment de taxes en interne" pour financer leurs propres investissements, cela hausse le risque.

Cette situation a entrainé un accroissement du déficit fiscal primaire dans de nombreux pays, a relevé l'économiste. "Ainsi, le service de la dette devient difficile à assurer. Nous ne voulons surtout pas que nos pays soient dans une situation où toutes les taxes qu'on collecte sont orientées à payer les dettes. Cela nous empêchera d'investir dans l'éducation, les infrastructures, de créer des emplois, etc.", a-t-il ajouté.
"Naturellement au-delà de 70% du Produit intérieur brut (PIB) du pays, la dette devient à haut risque. Même les pays qui sont en-dessous de ce taux devraient commencer à revoir leurs stratégies d'endettement. Il faut créer un espace fiscale pour diversifier nos économies", a-t-il conclu.