par AFP
PARIS - Le président ivoirien Laurent Gbagbo a dénoncé à nouveau mardi une "politisation" de l`enquête française sur la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en 2004 en Côte d`Ivoire, estimant que "cela commence à bien faire", dans un entretien à la presse.
"Certes, c`est le droit de la justice d`enquêter, mais cela commence à bien faire", déclare le président ivoirien au journal Le Figaro.
"Depuis le départ, certains juges français, non seulement font fausse route, mais tiennent à une politisation de la disparition de ce malheureux Kieffer", affirme-t-il, s`interrogeant sur "la raison qui pousserait des personnalités politiques ivoiriennes à faire disparaître quelqu`un qui est somme toute un citoyen lambda".
Guy-André Kieffer a été vu vivant pour la dernière fois le 16 avril 2004 sur un parking d`Abidjan, alors qu`il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo, l`épouse du président ivoirien. Son corps n`a jamais été retrouvé.
Selon une source proche du dossier, la justice française a adressé début décembre une demande officielle à la Cour pénale internationale, cherchant à savoir "si la CPI dispose d`éléments impliquant une dizaine de personnes dans les escadrons de la mort", des groupes qui avaient commis des exécutions sommaires et extrajudiciaires après le déclenchement d`une rébellion en 2002.
Les personnes citées, parmi lesquelles Mme Gbagbo, apparaissent toutes dans l`enquête sur la disparition de Guy-André Kieffer.
Mme Gbagbo a été entendue en avril à Abidjan par le juge français Patrick Ramaël, chargé de l`enquête.
"Toutefois, je ne pense pas que l`exécutif français soit impliqué dans cette demande (auprès de la CPI)", a ajouté Laurent Gbagbo, assurant de l`amélioration des relations entre la Côte d`Ivoire et l`ancienne puissance coloniale, accusée d`avoir favorisé le coup d`Etat manqué de 2002 contre lui.
"Depuis que Nicolas Sarkozy a succédé à Jacques Chirac, je me sens mieux.
Je me sens plus à l`aise pour mener tranquillement la sortie de crise", a dit le président, alors que les autorités ivoiriennes viennent de reporter pour la sixième fois le premier tour du scrutin présidentiel, désormais prévue fin février-début mars 2010.
Les relations bilatérales se sont réchauffées, mais Paris a conditionné le retour à la normale à la tenue de ce scrutin.
Sans renier le lien particulier entre Paris et Abidjan, Laurent Gbagbo a affirmé que désormais, "les peuples africains s`adressent à d`autres pays à cause de la lourdeur et des conditions parfois humiliantes posées par l`ancienne puissance coloniale".
"Aujourd`hui, il est plus facile de discuter avec la Chine, l`Inde ou l`Iran pour l`industrie, et avec les pays arabes pour les prêts", a-t-il dit, se défendant de tout positionnement "anti-français".
"La langue n`est pas un lien qui maintient prisonnier", a-t-il prévenu, affirmant que le Rwanda francophone, qui vient d`adhérer au Commonwealth, était "en train de devenir anglophone".